"Vous n'aurez pas de réponse, car on ne peut pas vous en apporter." Les mots de la présidente du tribunal maritime du Havre, Cécile Pochon, n'ont pas surpris les familles des marins du Mylanoh, jeudi 6 novembre. Comme prévu, la justice a prononcé l'extinction de l'action publique dans cette affaire, après la mort de l'unique prévenu, survenue début septembre. "On ne peut jamais, juridiquement, dire si une personne a commis un délit si elle n'est plus là", a ajouté la présidente.
Hakim avait trois enfants. - Célia Caradec
S'ils connaissaient le scénario à l'avance, les proches des trois marins havrais morts dans ce naufrage, le jeudi 3 février 2022, n'en n'étaient pas moins peinés et en colère, à l'issue de la courte audience. "Trois morts, cinq minutes de justice, voilà. Après trois ans et demi d'attente. Pas de réponse, ni pour ses enfants, si pour sa maman, ni pour sa femme", regrette Farida Hamitouche, la mère d'Hakim, qui avait 28 ans. Le représentant du parquet a toutefois proposé aux familles de les rencontrer, pour échanger. "On va échanger sur quoi ? Sachant que la justice va s'éteindre… On n'aura pas de réponse et nos enfants ne seront pas reconnus victimes", poursuit la maman endeuillée vêtue, comme sa belle-fille Ophélie et l'un de ses petits-fils, d'un tee-shirt rappelant sa peine.
"On ne les oubliera jamais"
Ce que les familles regrettent, c'est de n'avoir jamais eu d'échange avec le prévenu, un marin-pêcheur de Dieppe. Dans son rapport sur le naufrage, le Bureau d'enquêtes sur les événements de mer avait privilégié l'hypothèse d'une manœuvre ayant entraîné un contact avec le Mylanoh et son chavirage. "On n'aura jamais de réponse… Ou peut-être avec les mousses du bateau. Le patron n'était pas tout seul à bord", pointe David Aubry, le père d'Alan, le jeune stagiaire du Mylanoh, âgé de 17 ans, dont le corps n'a jamais été retrouvé. "Je voulais en savoir plus, pour Alan. Ça va faire bientôt quatre ans qu'il n'est plus là aujourd'hui, mais pour nous il est toujours vivant."
"Il y a eu trois ans d'enquête. Une vraie enquête, solide, souligne André Tesson, l'armateur du Mylanoh, quand on a su que le prévenu était décédé, on a compris assez rapidement qu'on ne saurait jamais." Lui aussi aurait aimé que les marins dieppois viennent rencontrer les familles havraises. Aujourd'hui, il a repris la mer à bord d'un nouveau bateau, le Haalty, en hommage à Hakim, Alan et Thierry, les trois marins disparus. "On y pense tous les jours, quand on sort en mer. On ne les oubliera jamais."
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