Ils sont tous les deux partis à la conquête des étoiles. L'un pour de vrai, l'autre au cinéma. A l'occasion de la sortie du film Le Grand Déplacement, Jean-Pascal Zadi, acteur-réalisateur originaire de Caen, a rencontré l'astronaute normand Thomas Pesquet dans les locaux de l'Agence spatiale européenne, en Allemagne. Une discussion organisée pour GQ sur YouTube.
Célébrité surprise : "Ça faisait pas partie du travail"
Jean-Pascal Zadi commence : "Moi c'est une célébrité tranquille. Toi, comment tu l'as gérée ? Ça doit être célébrité puissance mille ?"
Un rire, puis Thomas Pesquet répond avec une sincérité désarmante :
"Non mais surtout que moi, ça faisait pas vraiment partie du travail… Tu te retrouves en prise avec ça, tu l'as pas vraiment voulu. Moi, je voulais que la mission elle marche, je voulais qu'elle partage. C'est sûr, j'étais content que les gens s'intéressent, mais j'avais pas envie que les gens me reconnaissent dans la rue. Ça n'a jamais fait partie de mes ambitions."
L'astronaute poursuit avec une touche d'humour :
"Et après, tu dois vivre avec ça, alors que moi j'ai une vie normale. Je suis pas comme toi, j'ai pas cinq jets privés et dix limousines avec chauffeur quoi."
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Pression publique et fatigue mentale : "Tu t'appartiens plus"
Pour Thomas Pesquet, le plus difficile a été cette vague de sollicitations après sa première mission spatiale :
"Tu as l'impression qu'il y a plein de gens qui attendent quelque chose de toi. Les gens viennent me voir : 'Il y a cette association, ce problème, les enfants malades, ma fille vous adore…' Tu te retrouves avec des milliers, non même plus, de demandes comme ça. Et moi j'aime bien faire plaisir aux gens. Je suis trop gentil quelque part. Tu t'oublies complètement. Tu t'appartiens plus. T'as plus de temps. Et ça, ça a été compliqué au départ."
Il ajoute :
"Après ma première mission, je me suis rendu compte que je ne parlais plus à mes amis parce que je passais trop de temps à répondre aux demandes."
Et donc, forcément, vient l'étape du tri :
"A un moment, il faut apprendre à dire non."
Etre gentil… mais poser des limites
Jean-Pascal Zadi approuve : "Ouais, quand t'es quelqu'un de gentil, t'as l'impression qu'il faut que tu sois gentil avec tout le monde. Mais en fait, tu peux pas."
Thomas Pesquet confirme : "Non, ça c'est impossible. Et t'es obligé d'accepter qu'il y a des gens qui ne t'aiment pas."
Il reconnaît toutefois une envie profondément humaine : "Quelque part, t'as envie que les gens ils t'aiment bien."
Devenir "Thomas Pesquet", ce personnage public
La célébrité transforme parfois les rapports humains, même dans l'intimité. Thomas Pesquet en a fait l'expérience après son retour sur Terre :
"Quand tu fais des trucs un peu exceptionnels, mais que toi tu te sens fondamentalement normal, c'est le regard des gens qui change. Là où je l'ai vu, c'est les enfants de mes amis, que je connaissais avant la mission : avant, ils m'appelaient Thomas. Et après la mission, ils m'appelaient "ThomasPesquet", parce que j'étais devenu ce personnage."
Heureusement, l'entourage reste une ancre précieuse :
"Mes amis, ils m'ont vachement plus testé à ce moment-là, pour vérifier si j'avais toujours du sens de l'humour. Et je les vois encore beaucoup. C'est ton entourage, en fait. J'ai les mêmes amis qu'avant."
Une rencontre pleine de légèreté… et de profondeur
Le dialogue entre les deux hommes, aussi différents que complémentaires, mêle gravité et autodérision. Entre une question sur la température dans l'espace et une interrogation (plus ou moins sérieuse) sur la platitude de la Terre, Jean-Pascal Zadi pose un regard curieux, souvent drôle, mais toujours bienveillant sur le parcours de Thomas Pesquet. Un échange de Normands qui, chacun à leur façon, tutoient les étoiles.
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