Les gérants des complexes de padel l'appellent "le nouveau golf", pour son côté tendance et convivial. Certainement aussi pour la typologie de ses joueurs, en majorité des actifs d'une certaine catégorie socioprofessionnelle. Ce sport de raquette venu d'Espagne, qui se joue à quatre, à mi-chemin entre le tennis et le squash, connaît une ascension fulgurante dans l'agglomération de Rouen. Il suffit pour s'en convaincre de regarder l'explosion du nombre de licenciés padel au sein de la Ligue de Normandie de tennis en un an (+51%). Padel Arena à Isneauville a été le premier à miser sur la discipline en octobre 2014, quand peu connaissaient ce sport : trois amis qui ont pris des risques en montant leur complexe avec deux pistes à l'époque. "On s'est lancés sur le modèle des salles qui commençaient à se développer, comme le foot indoor. On sentait que la manière de consommer le sport commençait à changer avec des centres privés et une large amplitude horaire", rembobine Maxime Gautrie, l'un des cogérants. Les trois entrepreneurs, chacun du monde du sport, sont allés essayer le padel en Espagne, où il était déjà ancré. "On a tout de suite été séduits, on avait rapidement des parties intéressantes et homogènes, on ne comprenait pas pourquoi ça n'existait pas en France. Je pense qu'on a flairé le bon coup !" Pari gagnant, même si tout était à construire, Padel Arena étant le troisième centre indoor de France pour cette discipline. "Il y a eu un temps de lancement long, plus que si on ouvrait aujourd'hui. Il fallait créer l'offre et la demande." Aujourd'hui, Padel Arena s'est agrandi avec cinq pistes de padel en plus de terrains de squash, badminton et pickleball. Et réserver sur les horaires du soir ou du week-end relève presque du parcours du combattant.
Des groupes emboîtent le pas
Dès juin 2016, le Five à Rouen en bord de Seine, une franchise spécialisée leader en France dans le foot en salle, teste aussi d'installer deux pistes de padel. "Les dirigeants ont eu le nez creux", se souvient Salah Bakour, directeur du Five. De quoi prendre la température et sentir monter l'engouement, en limitant les risques. Avant de changer de braquet face au succès. Les patrons du Five finissent par créer la marque 4Padel. Et un complexe a ouvert à Petit-Quevilly en janvier 2024, également sous la direction de Salah Bakour, avec tout de suite 11 pistes. "Il y avait vraiment un marché puisque sur les temps forts, midi, soir et week-end, on a un taux de remplissage de 100%, on voit l'engouement !"
Dernier arrivé sur le territoire, PadelShot, un géant du marché, s'est lancé sur la zone commerciale de Barentin le 3 octobre avec 11 pistes également. Un mois plus tard, le complexe n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière mais la croissance est prometteuse. Et l'intérêt de la clientèle d'entreprise se confirme. "On a fait 40 découvertes entreprise en un mois, soit 600 collaborateurs qui sont venus", indique David Tlustek, directeur de PadelShot Barentin Rouen. C'est d'ailleurs le challenge de tous ces complexes privés : remplir les heures creuses. Tarifs d'appel, projets avec les scolaires, universités ou entreprises se multiplient pour rentabiliser les équipements. Mais le marché n'est, semble-t-il, pas encore arrivé à saturation. Aucun ne semble pour l'instant souffrir de la concurrence de ses voisins, la demande étant importante. Un projet de complexe sur le plateau est à Franqueville-Saint-Pierre est d'ailleurs déjà dans les cartons.
"Ce n'est pas un essor qui va contre le tennis", assure la Ligue
La Ligue de tennis de Normandie confirme une explosion de la pratique du padel dans la région mais assure que cela ne nuit pas à la pratique des autres sports de raquette, en particulier le tennis.
Le padel, en pleine explosion, fait partie des disciplines associées qui dépendent de la Ligue de Normandie de tennis, au même titre que le beach tennis ou le pickleball. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes. Il n'y avait qu'une douzaine de pistes dans la région en 2020, il y en a aujourd'hui environ 140. Quant au nombre de licenciés padel, il était de 2 956 au 31 août 2025 contre 1 951 un an plus tôt. Des chiffres éloquents qui ne prennent pas en compte les pratiquants "loisir" qui jouent sans licence. "Cet essor est important mais ce n'est pas un essor qui va contre le tennis", indique Pierrick Dorange, secrétaire générale de la Ligue de Normandie de tennis. Car les licences tennis et multi-raquettes, qui permettent de pratiquer plusieurs activités, sont elles aussi en augmentation. La Ligue doit tout de même s'adapter. Un poste de chargé de mission a été créé pour ces nouvelles pratiques. Car le padel est bien là pour durer. "Je ne pense pas que c'est un phénomène de mode. Mais on verra aussi l'effet pickleball qui arrive dans les clubs."
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