"J'étais coincé, je ne pouvais pas descendre, personne ne m'entendait." 24 heures après l'incendie qui a touché son immeuble de la rue des Sorbiers, à Saint-Lô, Benjamin* raconte ce qu'il a vécu. Ce locataire du cinquième étage - l'immeuble en compte six - a passé la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 septembre au centre Nelson Mandela, sur un lit de camp, comme une petite dizaine de résidents sans solution de relogement.
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"Il y avait une énorme fumée"
Au départ, ce mercredi à 11h30, Benjamin entend d'abord des cris. "J'ai pensé à une bagarre, explique le quadragénaire. Puis j'ai senti la fumée qui passait par le bas de la porte de mon appartement. Je l'ai ouverte. Il y avait une énorme fumée et une chaleur importante, j'ai compris que c'était un incendie." Mais le quadragénaire ne sait pour l'instant rien d'autre : "Ni si le feu avait pris au-dessus de moi, où s'il s'était déclaré en dessous." Il appelle la police "pour leur dire que j'étais coincé, que je ne pouvais pas descendre et que les gens ne m'entendaient pas crier. J'avais du mal à respirer, j'étais un peu paniqué".
20 minutes passent, Benjamin comprend qu'il va devoir se débrouiller. "J'avais du mal à parler." Il prend une serviette mouillée, une bouteille d'eau, une lampe et ouvre la porte de son appartement. La fumée est telle qu'il ne voit rien : "J'ai descendu les cinq étages à l'aveuglette. Arrivée en bas, j'ai couru dehors." Il a alors été transporté à l'hôpital, dont il a pu sortir à 18h.
"La santé, ça ne s'achète pas"
Au-dessus de lui, au sixième et dernier étage, Ryann et Yoaquim Bilaid, des jumeaux de 21 ans vivant ici depuis un an, racontent la même histoire. Les cris, la fumée qui rentre, la panique. Eux sont descendus vite, le temps d'emporter sur eux, comme Benjamin, leurs papiers et leur carte bancaire. Le reste leur importe peu : "Ce n'est que du matériel, alors que la santé, ça ne s'achète pas."
Leur famille résidant en région parisienne, les deux frères ont dû eux aussi passer la nuit au centre Mandela, "où nous avons été très bien accueillis". Avant cela, ils ont été accueillis l'après-midi au centre Mersier, "où l'on nous a pris en charge, rassurés, réconfortés… et fait tout ce qu'il était possible de faire". Ils ont pu repasser dans la soirée, avec les pompiers, dans leur appartement pour prendre leurs affaires indispensables : "Il y avait de l'eau partout, ça sentait le cramé, on a vu les portes ouvertes (de nombreuses portes ont été fracturées par les pompiers inspectant l'immeuble)."
Un homme en garde à vue
Le centre Nelson Mandela ne pourra pas accueillir cette nuit les résidents qui ne sont pas encore relogés. Si Ryann et Yoaquim ont appelé des amis pour trouver refuge, leur assureur leur expliquant qu'il ne pouvait prendre en charge un relogement, ce n'est pas encore le cas de Benjamin, sans solution. La Protection civile, la Croix Rouge et tous ceux mobilisés à leur chevet leur ont toutefois assuré qu'ils feraient "tout leur possible" pour trouver une solution, alors que réintégrer l'immeuble semble impossible dans les prochaines heures, voire les prochains jours. La municipalité garantit également leur relogement.
L'enquête pour déterminer les circonstances de l'incendie se poursuit. Un homme a été arrêté et placé en garde à vue.
*Le prénom a été modifié.
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