On connaissait déjà le Yamaha de la gare de Rouen, la ville accueille désormais deux autres pianos en accès libre depuis jeudi 26 juin. L'un sous le préau du Jardin des plantes et l'autre au bout de la passerelle Jeanne d'Arc qui surplombe les quais rive gauche. Ce dernier offre une magnifique vue sur la Seine et plus loin la cathédrale Notre-Dame, de quoi inspirer quelques ballades, cheveux au vent. Je me lance en quête de ce moment poétique sous un ciel encore nuageux. Le piano a déjà essuyé les restes des pluies de l'épisode orageux dans la nuit du 25 au 26 juin. Heureusement, l'instrument a été recouvert d'une longue bâche.
Seuls quelques badauds sont installés au bout de la passerelle, profitant plus de la vue que du Yamaha. C'est tout de même un public ! "Jouez-moi, je suis à vous", précise l'écriteau collé sur le pupitre, "les fausses notes sont autorisées", poursuit le message. Me voilà rassuré. Parti de quelques accords inspirés d'une chanson de Nujabes, je me perds sur une improvisation de plusieurs minutes laissant le temps défiler sans m'en rendre compte. Les sensations sont très agréables. Il faut dire que je n'ai jamais eu l'occasion de jouer sur un tel piano, un quart de queue plutôt bien conservé bien qu'il soit en fin de vie. L'instrument, issu du Conservatoire à rayonnement régional, était destiné à la déchetterie, la Ville a donc décidé de lui donner un second souffle. Le piano a ainsi "vu s'exercer des générations de jeunes musiciens" du conservatoire et désormais quelques musiciens amateurs.
Un piano pour créer des vocations ?
Une belle initiative qui pourrait inspirer des vocations, surtout pour celles et ceux qui n'auraient pas les moyens de s'offrir un tel piano. Celui-ci peut se chiffrer à plusieurs dizaines de milliers d'euros. "L'installation de ces pianos va contribuer à démocratiser la pratique musicale", espère justement la mairie. "Moi ça me plaît bien", s'enthousiasme Pierre Fleury venu avec son jeune fils pour tester lui aussi l'instrument. "Ça égaye la ville… Et ça peut donner des idées." Son garçon, trop timide sans doute, ne veut pas jouer devant moi. Peut-être une autre fois. "On n'a pas de piano à la maison donc c'était l'occasion qu'il touche un peu l'instrument, qu'il le découvre", continue le père de famille qui a pratiqué aussi dans sa jeunesse. Je quitte alors la scène pour laisser place à ce moment père-fils. En descendant sur les quais j'entends alors quelques notes balbutiantes, celles du garçon timide qui s'est enfin laissé aller et peut-être celles d'un futur virtuose.
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