Blouse, plumier, encrier, ardoise à craie et cartable en cuir, des vieilleries qui fleurent bon l'école d'antan. Mise en place par les lois Jules Ferry de 1881 et 1882 qui ont suivi celles de Guizot, l'école dite républicaine, gratuite, laïque et obligatoire, a beaucoup évolué depuis. Dans le cartable, "on avait aussi les bouliers miniatures pour l'apprentissage du calcul, un ou deux cahiers d'écriture et aussi des buvards pour absorber l'encre", présente Pauline Roy, médiatrice culturelle au musée national de l'Education à Rouen (Munaé). La rentrée c'était aussi tout un rituel autour de l'hygiène. "On vérifiait si les enfants étaient propres, s'ils avaient des poux, si les genoux n'étaient pas écorchés etc."
Rigueur, stéréotype et châtiments
A cette époque, l'école fait la promotion du patriotisme au sortir de la guerre franco-allemande de 1870 dont les Français sortent perdants. "Il y avait cette nécessité que tous les enfants parlent le français officiel et donc de supprimer les patois comme le Cauchois par exemple." Garçons et filles sont alors séparés, il faudra attendre 1972 pour la mise en place de la mixité dans les classes. Et si la nouvelle école républicaine tend à uniformiser les programmes avec l'apprentissage du français et du calcul, les instructeurs ont consigne d'enseigner aux garçons le maniement des armes et la formation militaire, tandis que les filles sont formées à la couture, au repassage, à la cuisine et à l'éducation des enfants. Tout cela s'accompagne de cours de morale en début de classe et d'une rigueur générale demandée aux élèves. Le soin dans l'écriture, les bonnes postures à observer en classe, autant d'exigences qui lorsqu'elles ne sont pas respectées entraînent des châtiments corporels. Ces punitions ont longtemps perduré malgré l'évolution des mœurs.
En chiffres
Les chiffres de l'époque montrent une scolarisation assez lente des enfants en Seine-Maritime malgré l'instauration de l'école obligatoire.
Dans la Seine-Maritime, ex-Seine-inférieure, la scolarisation évolue lentement. De 72 000 élèves de primaire en 1850, le département compte environ 110 000 élèves au début de la IIIe République (à partir de 1870) mais les absences restent nombreuses. L'école de Jules Ferry marque aussi la fin progressive de l'illettrisme. Ainsi le pourcentage de circonscrits illettrés passe d'environ 34% en 1840 à moins de 10% en 1890, soit 8 ans après la mise en place de l'école gratuite, laïque et obligatoire pour les jeunes de 6 à 13 ans. Bien qu'obligatoire, l'école ne scolarise pas encore tous les enfants en Seine-Inférieure.
Le travail des enfants
Selon l'inspecteur d'académie de l'époque, 14% des enfants en âge d'aller à l'école n'y sont pas allés durant l'année 1881-1882. Des chiffres qui s'expliquent notamment par l'emploi des enfants dans les champs mais aussi dans l'industrie textile, la verrerie ou l'exploitation des carrières sans compter ceux qui sont trop loin des établissements. Vers 1900, le nombre d'écoles primaires dans le département reste inférieur à la moyenne nationale.
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