Malgré les progrès réalisés depuis 30 ans, le saturnisme (intoxication au plomb) reste une réalité en Normandie, touchant particulièrement les enfants de moins de 7 ans. Le dernier bilan publié par Santé publique France dresse un état des lieux préoccupant sur la période 2016-2023.
En tout, 787 plombémies (analyse du plomb dans le sang) ont été analysées dans la région, dont 599 primo-dépistages et 188 suivis.
Des enfants trop souvent exposés au plomb dans leur environnement
Seulement près de 45% des primo-dépistages ont concerné des enfants de moins de 7 ans (pourtant la cible prioritaire du dépistage). C'est bien en deçà des attentes, surtout quand on sait que cette tranche d'âge est la plus vulnérable à la toxicité du plomb, en raison de l'immaturité de leur système nerveux.
Les cas sont concentrés dans l'Eure et la Seine-Maritime, deux départements où les logements anciens, les peintures au plomb dégradées, ou la présence de cas dans l'entourage, figurent parmi les principaux facteurs de risque.
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Des niveaux de plomb inquiétants chez les enfants dépistés
Parmi les enfants testés, 11% dépassaient le seuil de vigilance fixé entre 25µg/L et 50µg/L, avec 6% des moins de 7 ans dans ce cas. Un chiffre préoccupant, d'autant que seulement la moitié des enfants concernés ont bénéficié d'un suivi médical adapté.
Depuis 2015, le seuil de déclaration obligatoire du saturnisme est fixé à 50µg/L, ce qui implique une intervention rapide des autorités sanitaires dès qu'un cas est identifié.
42 cas de saturnisme confirmés, mais des facteurs encore flous
Sur les sept années étudiées, 42 enfants ont été officiellement diagnostiqués comme atteints de saturnisme. Parmi eux, certains profils reviennent fréquemment : enfants adoptés, enfants de migrants, ou encore apprentis exposés dans le cadre professionnel.
Plus inquiétant encore : 31% des apprentis dépistés étaient porteurs d'une plombémie supérieure au seuil. De plus, dans 70% des primo-dépistages, les facteurs de risque n'ont pas été correctement renseignés, un angle mort majeur pour la prévention.
Pourquoi faut-il agir vite contre le saturnisme ?
Même à faible dose, le plomb peut avoir des effets irréversibles sur le développement de l'enfant. Une plombémie élevée est associée à une baisse du QI, des troubles de l'attention, des difficultés d'apprentissage, et des atteintes neurologiques.
Or, l'intoxication est évitable, à condition de dépister tôt les enfants exposés. Le dépistage est recommandé dès les bilans de santé des 9e et 24e mois, en cas de logement ancien, de peintures suspectes, ou de comportements à risque (pica, ingestion de poussière, etc.).
Un enjeu majeur de santé publique en Normandie
Ce bilan rappelle que le saturnisme infantile n'est pas un problème du passé. En Normandie, comme ailleurs, la surveillance doit être renforcée, en particulier dans les zones à habitat ancien. Pour protéger les enfants, il est essentiel de mieux informer les familles, former les professionnels de santé, et systématiser le repérage des facteurs de risque.
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