On la remarque au loin sans vraiment y faire attention. La rade de Cherbourg fait partie du paysage quotidien des habitants. Mais pour les 18 membres de l'association "Objectif Patrimoine mondial : Cherbourg-en-Cotentin", elle représente beaucoup plus : une aventure humaine qui a transformé le territoire. "Sans la rade, Cherbourg n'existerait pas. La ville ne serait qu'un port de pêche", explique Philippe Dubourdieu. Cet ancien employé de Naval Group a créé le 25 octobre dernier une association pour faire classer la rade au patrimoine mondial de l'Unesco. Tout est parti d'une discussion entre amis, après l'annonce de l'ancien président de l'agglomération et sénateur David Margueritte de vouloir classer la Gare Transatlantique (abritant la Cité de la mer) au patrimoine mondial de l'humanité.
Un classement, dans quel but ?
"L'Unesco est quelque chose de très valorisant. Les villes avec ce label ont eu une reconnaissance mondiale qu'elles n'avaient pas avant", argumente Philippe Dubourdieu. Il avance que ce label offre des retombées commerciales, touristiques et un désenclavement pour le Cotentin. Par exemple, le classement du Havre à l'Unesco en 2005, a permis de faire grimper l'activité touristique à un million de visiteurs.
Le fort de Querqueville, tout à l'ouest, était l'un des premiers forts voulus par Louis XVI. - Julien Rojo
"Il y a eu une aventure humaine"
Lancé par Louis XVI en 1783, puis accéléré par Napoléon Ier, le chantier de la rade devait permettre de protéger la flotte française dans la mer de la Manche. Les membres de l'association en sont convaincus, la rade répond à plusieurs critères de l'Unesco : son authenticité et son intégrité. Hormis des dommages subis durant la Seconde Guerre mondiale, sa structure est encore bien conservée. La deuxième plus grande rade du monde posséderait aussi une "valeur universelle exceptionnelle". "Il y a eu une aventure humaine, puisqu'il a fallu des milliers d'ouvriers, et parfois des prisonniers, venus de partout pour construire cet ensemble. C'est aussi une expérience technologique nouvelle, puisque l'on a créé des ciments que l'on utilise toujours dans les ports aujourd'hui", détaille le secrétaire de l'association Thierry Barreau.
Le fort de l'Est a été saboté par l'armée française en 1940, pour éviter de tomber aux mains de l'occupant. - Julien Rojo
Il souhaite, avec les autres membres du groupe, d'abord apporter un soutien administratif pour constituer le dossier à l'Unesco, si des personnalités politiques s'emparent du projet. Ils le savent, ce genre de projet prend du temps et nécessite le soutien d'élus et du grand public. "On sait que l'on est parti pour une longue période", sourit Philippe Dubourdieu. Une candidature à l'Unesco met souvent plus de 10 ans pour aboutir. Si le procédé est lancé, le classement pourra être compliqué selon la zone classée : la "petite rade" ou la "grande rade" avec ses fortifications. Autre difficulté : la rade est divisée entre plusieurs propriétaires, publiques, militaires et privés. L'association espère poursuivre son travail, après la période électorale.
Le fort central a été construit à partir de 1793. - Julien Rojo
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