Ses premières utilisations remontent aux années soixante-dix et sa pratique a été popularisée à partir de 1990. La dermographie, ou dermopigmentation, est un soin de support qui trouve son application notamment dans le cadre du traitement du cancer du sein. Dans ce cadre, la dermographie de l'aréole mammaire reste la pratique la plus courante. Concrètement, elle permet, à l'aide d'une technique de tatouage semi-permanent, de recréer l'esthétique d'un mamelon pour les femmes ayant subi l'ablation puis la reconstruction d'un sein. "On fait entrer de l'encre dans la peau à l'aide d'une aiguille à la manière d'un tatouage", explique Assia Touileb, infirmière depuis 15 ans qui s'est spécialisée dans la dermographie "réparatrice" depuis deux ans à Rouen. "C'est comme un trompe-l'œil : par des effets d'ombrage on peut donner l'illusion d'un tissu comme l'aréole mammaire, camoufler une cicatrice ou donner l'effet d'une densité capillaire pour la perte de cheveux." Contrairement au tatouage traditionnel, l'encre médicale (CEIIB) utilisée pour ces interventions n'est pas permanente et dure entre 3 et 5 ans. "Elle est sans conservateur et sans produit issu de la pétrochimie, et elle est considérée comme un implant au même titre qu'un stérilet", poursuit l'infirmière rouennaise qui propose, en partenariat avec l'association The Pink Touch, des séances de dermographie gratuites les 18 et 25 octobre à l'occasion d'Octobre Rose. "Le bien-être fait partie de la santé", affirme la professionnelle libérale qui défend une discipline encore trop peu reconnue dans le milieu hospitalier. Surtout, c'est une pratique qui n'est pas prise en charge par la Sécurité sociale lorsqu'elle est pratiquée en cabinet indépendant.
"J'avais besoin de montrer
que je pouvais plaire"
Dans celui d'Assia Touileb, la dermographie de l'aréole mammaire coûte 350 euros pour la première séance et la retouche. Christelle Cherfils a pu en bénéficier après une longue et pénible bataille contre un cancer du sein diagnostiqué en 2009 à l'âge de 40 ans. Malgré un premier avis positif de sa mutuelle, la quinquagénaire s'est vue refuser la prise en charge de son intervention chez Assia Touileb. "Pourtant c'est du médical, en tout cas c'est nécessaire pour moi, ce n'est pas un caprice ou une fleur qu'on me fait, déplore la patiente aujourd'hui âgée de 56 ans, quand on perd un sein, c'est compliqué pour son image." Affectée par une maladie auto-immune, conséquence de la chimiothérapie, la quinquagénaire a été victime d'une dépression au cours de son parcours de soins. "Quand j'ai remonté la pente j'ai eu besoin de me reconstruire dans tous les sens du terme, j'avais perdu confiance en moi et j'avais besoin de montrer que je pouvais plaire." L'image et l'estime de soi peuvent être chamboulées par les opérations chirurgicales moins lourdes. "Comme toutes les femmes le rapport au corps est toujours très compliqué à moins d'avoir le sentiment d'être parfaite", explique Florence, une autre patiente d'Assia Touileb qui préfère garder l'anonymat. Elle a passé la porte du cabinet de l'infirmière rouennaise après avoir subi une abdominoplastie en 2020 à la suite de plusieurs grossesses. Il s'agissait alors de camoufler une importante cicatrice sur le bas du ventre. "Ça fait du bien à l'esprit, on se sent belle à nouveau et plus abîmée par la vie quel que soit l'épisode qui a conduit à la dermographie."
Des soins de supportde mieux en mieuxremboursés
Les soins de support dans le cadre du traitement du cancer du sein sont de plus en plus pris en charge par l'Assurance Maladie.
700 000. C'est le nombre de femmes qui vivent avec un cancer du sein actif ou en surveillance en France. Le cancer du sein est le cancer féminin le plus meurtrier. Etant considéré comme une affection de longue durée, il permet une prise en charge à 100% de l'Assurance Maladie. Pour autant, les patients concernés doivent assumer un reste à charge parfois important. Il est en moyenne de 1 400€ parmi lesquels les soins dits de support : crèmes, vernis, activité physique adaptée, consultations de diététique, suivi psychologique ou dermographie. La loi du 5 février 2025 vise à alléger justement ce reste à charge. Le tatouage médical, par exemple, est aujourd'hui remboursé lorsqu'il est pratiqué en milieu hospitalier mais la pratique doit faire l'objet d'un nouveau rapport du gouvernement pour étendre éventuellement sa prise en charge. La nouvelle législation étend aux patientes en traitement actif le forfait global de soins de support de 180€ ainsi qu'un second forfait pour des produits spécifiques.
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