Historien à l'université de Rouen et spécialiste des mouvements sociaux, Jean-Numa Ducange décrypte le mouvement "Bloquons tout".
Que retenir de cette mobilisation ?
"La mobilisation n'a pas été un raz-de-marée ou du moins quelque chose qui aurait dépassé les manifestations contre la réforme des retraites. Parce que c'était ça aussi l'enjeu : faire des actions coups de poing, diversifier les interventions et s'affranchir des syndicats jugés 'trop mous' ou 'trop lents'. Pour le moment, ils n'ont pas fait la démonstration qu'ils étaient un mouvement si puissant que cela, même si ce n'est pas négligeable et que cela reflète un esprit de contestation dans le pays."
Peut-on comparer le mouvement à celui des Gilets jaunes ?
"Par rapport aux Gilets jaunes qui avaient un profil plutôt 'périurbain', plutôt rural et de niveau modeste, s'il peut y avoir des recoupements, il y a une plus forte présence de jeunes diplômés, de fractions syndicales et, même s'il est difficile de les dénombrer, des gens de sensibilité France insoumise et autres. C'est un mouvement qui est a priori plus marqué par les organisations de gauche que les Gilets jaunes."
Comment pourrait évoluer
ce mouvement ?
"L'enjeu va être de savoir s'il y aura jonction ou pas avec le milieu syndical traditionnel. Car même si les syndicats sont affaiblis depuis les années 80 avec la désindustrialisation, l'avantage des grosses structures comme la CGT ou la CFDT c'est qu'ils peuvent ancrer les choses dans la durée. L'hypothèse 'pessimiste' serait qu'il y ait une incompréhension entre les deux mouvements, celui des syndicats et celui du 10 septembre."
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