"Si cette discussion n'a pas d'issue, la colère se retrouvera devant vos grilles", lance Thierry Lemaître, membre de la Confédération paysanne 61, au préfet de l'Orne, Hervé Tourmente. Lundi 15 décembre, une trentaine d'agriculteurs se sont rassemblés à Alençon pour alerter sur les conséquences du protocole sanitaire actuellement appliqué pour freiner la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans les troupeaux bovins.
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Des méthodes "inefficaces"
Six mois après la découverte du premier cas de DNC sur le territoire français, les agriculteurs de l'Orne veulent stopper "le massacre", comme ils l'écrivent sur l'une des pancartes déposées devant la préfecture. Pour lutter contre cette maladie grave et contagieuse, le protocole sanitaire actuellement en vigueur exige l'abattage total du troupeau, si celui-ci se retrouve contaminé. "La quantité de bêtes abattues ne cesse d'augmenter, témoigne Léo Lechevalier, agriculteur à Saint-Germain-de-la-Coudre. C'est une méthode brutale et visiblement inefficace puisque la maladie continue de se propager", poursuit-il.
La Confédération paysanne de l'Orne revendique ainsi une vaccination généralisée comme réponse prioritaire à la crise. "Aujourd'hui, la vaccination n'est déployée que lorsqu'un foyer est détecté, dans un rayon de 50 kilomètres autour de celui-ci, explique Léo Lechevalier. On a l'impression d'être toujours en retard par rapport à la maladie et être en retard, c'est être fébrile, poursuit l'éleveur.
Préserver les éleveurs
Pour Thierry Lemaître, membre du comité départemental de la Confédération paysanne, il y a trop de facteurs économiques dans le protocole sanitaire français. "On veut que ce soit nickel donc on abat pour montrer que l'on fait un effort fondamental mais en réalité, c'est d'une cruauté totale pour les éleveurs, affirme-t-il. D'une décision radicale, on efface tout le travail de plusieurs générations. Ce n'est pas soutenable, peste-t-il.
Selon Thierry Lemaître, la France ne sera pas toujours un pays agricole. "Nous ne sommes plus dans les années 80. Les éleveurs sont aujourd'hui minoritaires et il faut les préserver. Vous pensez sincèrement qu'un jeune qui a vu les infos ce week-end va avoir envie de s'installer ? L'Etat doit s'adapter à cette situation", explique-t-il après avoir dénoncé la mobilisation des forces de l'ordre contre les agriculteurs.
Un dialogue avec le préfet
Le préfet de l'Orne, Hervé Tourmente, a échangé avec les éleveurs mobilisés. "L'enjeu, c'est de comprendre et d'accompagner les éleveurs, confie-t-il. La stratégie de l'Etat, c'est d'éteindre au plus vite les foyers contaminés et là-dessus, il y a un désaccord. La meilleure façon de protéger les agriculteurs, c'est de mettre en place des traitements pour les foyers atteints. Il faut que l'on soit capable d'accompagner ça", conclut-il.
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