Les auto-écoles de Rouen et de son agglomération font face à une véritable saturation. En cause : les délais de passage à l'examen du permis de conduire, qui ne cessent de s'allonger. Certaines écoles sont même contraintes de refuser de nouveaux élèves, notamment ceux souhaitant changer d'établissement en cours de formation.
Une situation toujours tendue ?
Depuis 2020, "le nombre d'inscriptions au permis de conduire a augmenté de 15 à 16% mais aucun nouvel inspecteur n'a été embauché", explique Lorenzo Lefebvre, gérant d'auto-écoles en Seine-Maritime et vice-président de Mobilians, organisation patronale qui défend les intérêts des entreprises de la distribution et des services de l'automobile en France. La Seine-Maritime compte 26 inspecteurs, contre 13 dans l'Eure, où la situation est encore plus difficile : "En ce moment, certains sont en arrêt maladie donc ils perdent des places d'examen", précise-t-il. Au niveau national, "on est en déficit de 15% de places d'examen". En Seine-Maritime, les auto-écoles arrivent à trouver des créneaux pour les premières tentatives, mais "entre le premier et le deuxième passage, il faut attendre 84 jours", indique Lorenzo Lefebvre. Conséquence, en tant que directeur d'auto-écoles, il "prépare les élèves à 130% car nous n'avons pas intérêt à avoir un échec au premier passage".
Ils manifestent dans les rues
Face à cette situation tendue, des manifestations ont eu lieu à Evreux lundi 13 octobre et à Marseille lundi 27 octobre. "On a avec nous les inspecteurs du permis de conduire. Eux aussi trouvent ces délais illogiques", confie Lorenzo Lefebvre. Selon lui, l'un des facteurs aggravants est l'entrée en vigueur, depuis janvier 2024, de la possibilité de passer le permis à 17 ans. "On a ajouté des problèmes au problème", déplore-t-il. Comme l'explique Mickaël Roblin, responsable de plusieurs agences du réseau d'écoles de conduite CER dont celle d'Isneauville, "pour répondre à cet afflux d'élèves, il faudrait, sur le plan national, avoir 170 inspecteurs en plus". D'après lui, la situation s'est fortement dégradée mi-2023 : "J'ai eu des délais jusqu'à six à sept mois d'attente pour des élèves qui repassaient le permis." C'est le cas de son élève Thomas Sauveur qui a raté son permis en juillet. Il n'a pu le repasser qu'en octobre. "J'étais très étonné alors que la première fois je n'ai même pas attendu deux mois", confie-t-il. "Ce qui est bizarre c'est que j'ai des amis à Rouen et ses alentours qui ont eu une date très rapidement donc j'étais surpris." Depuis un mois et demi, la situation semble s'améliorer concernant les délais d'examen. "Les préfets ont eu instruction de faire en sorte que les délais soient plus courts et qu'il y ait plus d'examens", précise Mickaël Roblin. Un constat que partage Léa Blanchard, responsable de l'auto-école Danièle à Rouen. "Ces trois derniers mois, le bureau de la sécurité routière de Seine-Maritime a réussi à augmenter le nombre de places attribuées par moniteur." Aujourd'hui, pour un moniteur, "on a sept places d'examen, ce qui est plus que la normale". Malgré ces progrès, les délais restent importants en cas d'échec. "Un élève peut attendre entre quatre à six mois pour le repasser", poursuit Mickaël Roblin. Cette attente fait baisser le niveau des candidats, qui doivent reprendre des heures de conduite. Sur l'ensemble de ses élèves, Mickaël Roblin en a une trentaine qui attend une date d'examen.
26 inspecteurs du permis de conduire répartisen Seine-Maritime
La Direction départementale des territoires et de la mer de Seine-Maritime compte au total 26 inspecteurs. Face aux délais allongés pour repasser l'examen du permis, le gouvernement a annoncé en juillet dernier le déploiement d'un plan d'action.
En Seine-Maritime, la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) 76 compte 26 inspecteurs du permis de conduire dont six affectés à Rouen Droite, sept à Rouen Gauche, quatre à Dieppe, sept au Havre et deux à Yvetot. Selon le ministère de l'Intérieur, le permis de conduire est le premier examen de France en nombre de candidats. Chaque année, 1,8 million de candidats passent l'épreuve pratique et seulement 59,4% réussissent au premier passage. Récemment, plusieurs facteurs ont allongé les délais pour repasser l'examen du permis de conduire après un premier échec. Pour faire face à ce problème, le gouvernement a annoncé en juillet 2025 déployer un plan d'action en deux volets. D'une part, des mesures immédiates permettront d'ouvrir 80 000 places d'examen supplémentaires d'ici la fin de l'année 2025. D'autre part, une réforme à moyen terme vise à améliorer durablement le taux de réussite à l'examen. Ce plan prévoit aussi le recrutement et la formation de 108 inspecteurs, avec l'ajout de 10 postes dès 2026.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.