La "Marche des Normands", organisée samedi 18 octobre à Rouen, n'en finit plus de faire réagir. Si les organisateurs ne se disent affiliés à aucune autre association et organisation, ils sont largement soutenus et relayés par des groupes de l'ultra-droite et identifiés comme identitaires. "Nous souhaitons défendre et célébrer l'âme normande, une sorte de cri du cœur contre l'uniformisation culturelle. Cette marche est, à nos yeux, [...] une affirmation, l'incarnation d'un élan populaire et enraciné pour faire vivre, avec passion et fierté, l'esprit normand", indiquent-ils en précisant qu'ils attendent "quelques centaines de personnes".
"Une occasion de manifester une idéologie d'extrême droite"
La demande de rassemblement a été déposée en préfecture qui a pris acte. "La décision d'interdire ou non une manifestation ainsi que les éventuelles contre-manifestations résulte d'une appréciation fondée sur l'évaluation des conséquences prévisibles du rassemblement sur l'ordre public, issue des éléments d'information à la disposition du préfet. Les éléments seront analysés au plus proche de l'événement", précise-t-elle. L'événement est donc autorisé, à l'heure d'écrire ces lignes.
A la même heure, samedi, une contre-manifestation est organisée par des syndicats et associations classés à gauche, baptisée "Fascistes hors de nos rues". Le tract dénonce des "pseudo-commémorations historiques" qui cachent "une occasion de manifester une idéologie d'extrême droite, une haine raciste et anti-immigrés et le rejet de ceux qui ne seraient pas de vrais Français".
Jean Mabire célébré comme Flaubert ?
De même, une pétition a été signée par différentes institutions, associations, et guides conférenciers et chercheurs en histoire de l'université de Rouen. Eux parlent d'une "identité réactionnaire, de rejet et d'exclusion" et tiennent à manifester que cette "Marche des Normands n'a aucune reconnaissance et aucun soutien des personnes travaillant sur l'histoire de la Normandie et la valorisation de sa culture". Et d'insister sur certaines figures discutables qui sont présentées comme des portes-étendards dans la "Marche des Normands". "Aux côtés de Flaubert figure Jean Mabire, qui a fait des poèmes à la gloire de la SS. Ça nous ennuie", indique une maîtresse de conférences en Histoire de l'université de Rouen, signataire de la pétition. Elle souhaite mettre en garde ses étudiants "qui peuvent participer à cette marche de bonne foi" pour leur dire que "l'esprit critique et la démarche scientifique ne sont pas compatibles avec des mouvements qui instrumentalisent l'Histoire".
Sur ces contestations, les organisateurs de la Marche des Normands durcissent le ton. Pour la contre-manifestation, ils parlent de "militants communistes dont la légitimité morale est parfaitement inexistante [...]. Ils perdent la bataille culturelle, incapables de séduire au-delà d'une poignée de buveurs de 8.6 et d'étudiants attardés. Ils en viennent à multiplier outrances, diffamations et interdits arbitraires". Quant à la pétition : "Nous estimons que l'université française, notamment en sciences humaines, est dominée par des chercheurs militants d'extrême gauche qui s'arrogent le monopole de la légitimité historique", parlant même de "chasse aux sorcières", pour ne sélectionner que les passages les moins fleuris des réponses qui nous ont été adressées par écrit.
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