Le nombre de personnes présentes sur les marches du palais de justice du Havre, vendredi 26 septembre, reflète le choc et la stupeur qu'a engendrée l'affaire ces derniers mois, dans le pays de Caux. Propriétaires de chevaux, voisins des victimes ou amoureux des animaux s'étaient donné rendez-vous pour demander la peine maximale à l'encontre du suspect qui fera face au tribunal correctionnel quelques minutes plus tard.
Une quinzaine de chevaux agressés
Tous ne pourront pas entrer dans la salle où ce jeune homme de 23 ans, arrêté le lundi 4 août puis placé en détention provisoire, est entendu comparution à délai différé. La justice le soupçonne d'être à l'origine de cinq agressions mortelles de chevaux et d'en avoir gravement blessé dix autres. Des faits pour lesquels il encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement, et qui se sont produits entre mai et août 2025, sur les communes d'Angerville-L'Orcher, Saint-Vaast-Dieppedalle, Fauville-en-Caux, Notre-Dame-du-Bec et Saint-Martin du Manoir. En plus de la douzaine de propriétaires victimes, neuf associations de défense des animaux se sont constituées parties civiles.
D'apparence calme, écoutant parfois le déroulé des faits les yeux clos, le prévenu indique d'emblée reconnaître seulement deux faits, sur deux communes différentes. Sur la première, "trois équidés ont été lacérés, un est mort" rappelle le président du tribunal. Sur la seconde, c'est la ponette de son ex-petite amie qui a été tuée. Présente à l'audience, elle ose interroger le jeune homme, les yeux dans les yeux : "pourquoi tous les faits se sont passés quand on était ensemble, sachant l'amour que j'ai pour les chevaux ?". Le prévenu va simplement s'excuser, sans apporter d'explication claire. "J'ai dû l'effrayer, c'est pour cela qu'elle est partie s'encastrer dans un arbre" avait-il dit un peu plus tôt au sujet de cette ponette.
Il évoque "des pulsions"
"Je ne sais plus", "je n'ai aucun souvenir" répond souvent le prévenu au président qui le questionne sur le déroulé des faits. Il avait affirmé devant les enquêteurs avoir agit "par pulsion", ce qu'il confirme à l'audience. Au sujet de son état psychique, pendant sa garde à vue, un expert psychiatre évoquera de possibles "troubles dissociatifs", sans toutefois constater une altération de son discernement. En détention, une autre spécialiste diagnostiquera un "craving", terme souvent utilisé pour les conduites addictives, pour qualifier "un besoin irrépressible de répéter un comportement involontaire, incontrôlé, plus ou moins brusque". Deux éléments rappelés en préambule des débats par la défense, plaidant pour une contre-expertise psychiatrique et une IRM complémentaire.
S'il affirme ne pas se souvenir des agressions, l'agresseur présumé apporte des réponses sans difficultés sur d'autres éléments. Les biscuits pour chevaux retrouvés sous son lit ? "C'était pour les offrir" à son ex-petite amie. Sa présence en pleine nuit sur la commune de son ex ? "J'allais faire de l'urbex (exploration urbaine) dans une usine désaffectée". La corde et le couteau qu'il a achetés ? "C'est pour fabriquer une longe" pour son chien. Ses virées nocturnes dans les rues d'Angerville, où il habite ? "C'est pour aller au cimetière" où est en enterrée sa mère.
Quatre ans de prison dont deux ferme
Des justifications qui n'ont pas convaincu le tribunal, qui a pointé "des faits d'une extrême gravité" et conclu à une absence d'abolition et d'altération du discernement. Il condamne le prévenu à quatre ans de prison, dont deux ferme, pour "sévices graves ou actes de cruauté" sur un animal domestique et détention d'arme de catégorie D.
La peine est assortie d'une obligation de soins et d'une interdiction de détenir un animal, de paraître en Seine-Maritime, d'entrer en contact avec son ex, de détenir une arme. Le tribunal a, en outre, rejeté les demandes d'expertises complémentaires.
Le parquet avait requis cinq ans d'emprisonnement dont deux ans avec sursis probatoire pendant trois ans. "Il se retranche derrière la pathologie" a déploré la procureure dans ses réquisitions.
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