A chaque rentrée, les clubs sportifs locaux tirent la sonnette d'alarme : le manque de bénévoles complique toujours davantage leur fonctionnement. Malgré des centaines de licenciés, l'engagement citoyen s'essouffle. Alors comment s'en sortent-ils ? Tour d'horizon des disciplines dans l'agglomération caennaise.
"Je ne suis pas issue du monde associatif, glisse d'emblée Nathalie Alves Condé, secrétaire du Hérouville Basket, équipe aux 300 licenciés. J'ai rejoint le club car mon fils est salarié, il occupe la fonction de manager sportif. Il m'a dit : 'Viens à mon secours, je n'en peux plus.'" Et c'est ainsi que la mère de famille s'est retrouvée, malgré elle mais avec détermination, au cœur d'un projet visant à placer le Hérouville Basket sur la carte des clubs qui comptent. Mais pour ça, il faut mobiliser des bénévoles. Autant dire que "la chasse est ouverte h24". Une tâche ardue. "On s'en sort, mais nous avons quand même des difficultés quand on organise une manifestation, regrette Xavier Roblin, coach historique du Boxing club caennais, dans le quartier de la Guérinière. "Maintenant le bénévolat… les gens ne veulent plus, ou n'ont pas le temps."
"Le projet Mbappé"
Constat partagé par Valérie Lesouef, responsable sportive de l'Amicale du Tennis d'Ifs. "Il y a une petite pénurie d'enseignants professionnels dans les clubs de toute la France. Je le remarque depuis le Covid. Au tennis, on travaille en horaires décalés : on enseigne quand les gens ne travaillent pas, le soir et le week-end. C'est flagrant, la population ne veut plus forcément travailler sur ces créneaux…" Toutefois, elle ne se plaint pas du manque d'engagement à Ifs, et ambitionne de créer un groupe WhatsApp pour faciliter la communication avec les parents désireux de donner de leur temps.
Les parents, justement, ce sont parfois eux qui posent le plus de problèmes aux encadrants. "J'en vois qui sont matrixés par le 'projet Mbappé'", constate Wilfrid Evrin, président du FC Caen Sud Ouest, le club de football du quartier de la Grâce de Dieu. "Ça fait deux ans que l'on se bat avec ça. Lors de nos plateaux à domicile, on veut que les parents soient tous en dehors de la main courante. Seuls les joueurs et les éducateurs sont sur le terrain. Mais c'est dur à faire respecter…" Des parents qui, même accoudés à la main courante, s'improvisent coachs. "On en entend dire à leur fils : 'Va presser !' Mais ils ne savent pas ce qui a été dit dans le vestiaire, peut-être que l'entraîneur a demandé qu'on reste bien en place", développe le président.
Abdelkader Taïba entraîne les U15 féminines au FC Caen Sud Ouest. - Lilian Fermin
Former prend du temps… et de l'argent
"Les parents se comportent comme des consommateurs, ils paient une licence et attendent un service", illustre Nathalie Alves Condé, qui comprend les arrêts récurrents de certains éducateurs. "Ils donnent le maximum, puis sont éreintés et arrêtent." Et ainsi il faut à nouveau trouver des volontaires, puis le financement pour les former, car on ne s'improvise pas coach du jour au lendemain. "D'ailleurs, le niveau d'exigence demandé est de plus en plus important", assure-t-elle. Il en va de même au FC Caen Sud Ouest, fort de ses plus de 400 licenciés. "Nos éducateurs sont a minima formés, ils apprennent à être au contact des enfants, ainsi que de leurs parents." Mais aussi à organiser des séances d'entraînement, ce qui devrait être primordial… pour un club de sport.
L'astuce ingénieuse de ce nouveau club pour encourager le bénévolat
Les Corsaires de Mondeville sont un tout nouveau club de badminton qui vient de voir le jour dans l'agglomération de Caen. Les badistes visent un développement rapide.
Un nouveau club vient de voir le jour dans l'agglomération de Caen : les Corsaires de Mondeville, qui partent à l'abordage du monde du badminton. Maxime Borlandelli, le président, et d'autres bénévoles, tous adeptes de la discipline, ont créé l'équipe, motivés par l'opportunité de partir de zéro et le soutien de la municipalité, qui voulait voir des volants voler dans ses gymnases. Et pour s'assurer qu'assez de bénévoles feront vivre le club, ils ont eu une idée.
"Afin d'encourager le bénévolat, on offre une réduction de 20€ sur l'inscription", pose Maxime Borlandelli. "En échange, le joueur s'engage à faire au moins deux actions de bénévolat au sein du club dans l'année. Ça peut être participer à une manifestation extérieure ou l'organisation d'un tournoi. Il faut entre six et dix personnes sur un week-end pour une compétition…"
Si le chiffre des 60 licenciés est visé cette année, les moins de 15 ans ne sont pas encore acceptés. "On se garde une année pour monter la section jeunes et former des entraîneurs."
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