Psychiatre à Mont-Saint-Aignan, le Dr Cécile Feltin a créé un compte Instagram (psychiatrie.sans.filtre) en 2025 pour déconstruire les clichés autour de sa profession.
Comment a germé l'idée ?
"En 2022 j'ai eu un grave accident de vélo. Je me suis retrouvée plâtrée et alitée pendant cinq mois. Cela m'a fait me questionner beaucoup sur mon activité. A cette époque j'étais pédopsychiatre au CHU de Rouen et le rythme était assez insoutenable. Cela m'a permis de faire du dessin aussi (presque tous les posts de Cécile Feltin sont illustrés). En mettant tout ça ensemble j'ai décidé de créer psychiatrie.sans.filtre."
Quelle est la place des réseaux sociaux dans votre activité professionnelle ?
"Ce n'est pas du tout quelque chose qui me rémunère et je n'ai pas besoin de recruter de nouveaux patients. Ce que je fais surtout c'est de l'information et de la prévention. Par exemple, j'ai fait un post récemment qui a très bien marché sur les '5 mythes tenaces sur la dépression'. Il ne s'agit pas d'une consultation mais le message derrière c'est de dire que si une personne se reconnaît là-dedans, peut-être que c'est intéressant de passer le cap en consultation ou peut-être pas d'ailleurs."
Voir cette publication sur InstagramUne publication partagée par Dr Cécile Feltin (@psychiatrie.sans.filtre)
Les tabous demeurent en psychiatrie ?
"La santé physique, on en parle partout sans aucun problème contrairement à la santé mentale. J'avais envie de parler de ça et plus encore de la psychiatrie qui est complètement stigmatisée. La maladie mentale, la folie… Il y a des amalgames qui sont faits en permanence avec la dangerosité ou le fait d'être 'irrécupérable'. La santé mentale concerne tout le monde, il n'y a pas de honte à aller consulter. Mon idée c'est de normaliser un peu le recours aux soins."
Pourquoi illustrer vos posts et ne pas montrer votre visage ?
"C'est le côté très visuel d'Instagram qui me plaît et donc le dessin trouve bien sa place ici. D'ailleurs je n'utilise qu'Instagram. Le dessin, c'est quelque chose qui permet de mettre en valeur les informations que j'ai envie de transmettre sans avoir à passer devant la caméra avec laquelle je ne suis pas encore très à l'aise. Mais ce sont des dessins très simples, très naïfs. Et puis c'est assez rapide à faire. D'autant que la création de contenu peut devenir vite chronophage."
A qui s'adressent vos posts ?
"Je n'ai pas fait de business plan quand j'ai lancé mon compte en février dernier donc je ne savais pas vraiment à qui je m'adressais. C'est quand je vois mon compte grandir (près de 70 000 abonnés) et que je vois les statistiques, que je me rends compte que j'ai 96% de femmes qui me suivent. Cela me questionne : est-ce que c'est parce que je fais quelque chose qui est trop 'girly' ? Ou alors les hommes ne s'intéressent pas aux questions de santé mentale ? Je ne sais pas. Par contre je touche toutes les tranches d'âge."
Est-ce que votre pratique sur Instagram est encadrée ?
"En tant que médecin je suis soumise aux règles déontologiques du conseil de l'ordre des médecins. J'ai signé une charte 'du médecin créateur de contenu responsable' qui régit les bonnes pratiques dans l'influence. Elle a été fondée par les médecins de l'ordre et des médecins influenceurs. Par exemple, je n'ai pas le droit de donner d'avis médical personnalisé sur les réseaux sociaux. Je reçois beaucoup de demandes de ce genre. J'ai des messages types, par exemple quand on va me parler d'idées suicidaires, parce que ça je ne peux pas le laisser sans réponse. Mais sinon je ne fais que de l'information, pas de consultations."
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