A la fois adulés et détestés, les influenceurs et créateurs de contenus sur les réseaux sociaux véhiculent de nombreux fantasmes. A Rouen, ils sont un certain nombre à avoir percé dans ce milieu, mais seule une infime partie réussit à en vivre complètement. "Instagram ne rémunère pas, TikTok un peu mais nous ne sommes pas assez gros pour ça", explique Elodie Grandsire, plus connue sous le nom d'Elodie Guide Locale avec près de 50 000 abonnés sur Instagram. La Rouennaise, guide touristique dans la vraie vie, s'est lancée avec son conjoint sur les réseaux sociaux en complément de son premier métier qui aujourd'hui représente encore 60% de son activité. "Là où on va gagner un peu d'argent c'est sur les collaborations." Associations patrimoniales et culturelles, Opéra de Rouen, réseau Astuce, etc. Elodie Grandsire privilégie les collaborations en lien avec son activité de guide.
Les influenceurs ne s'ennuient pas
Derrière les sourires affichés à l'écran se cache souvent une importante charge de travail. "Je travaille de ma passion, c'est génial mais ce n'est pas aussi fun et décontracté que ce qu'on pourrait imaginer, il faut poster sans arrêt." Désormais indépendant, Ellifa Benali, dit Badi Benali sur les réseaux, a cessé de faire des collaborations rémunérées pour des marques depuis deux ans faute de temps. En termes de rémunération, "les réseaux sociaux ne sont qu'un plus" malgré plus de 1 million d'abonnés sur TikTok. Influenceur "lifestyle" et humour, Badi Benali travaille en parallèle pour une application et fait aussi la promotion de festival et d'événements autour de la musique techno. "Je me suis toujours dit qu'il fallait que je garde un travail à côté des réseaux sociaux car tout ça peut s'arrêter du jour au lendemain." Pionnière dans le milieu, Emilie Daudin, suivie aujourd'hui par plus de 160 000 "followers", a d'abord connu la mode des blogs dans les années 2000 avant de faire un virage sur Instagram en 2011 au lancement de la plateforme alors qu'elle était encore attachée de presse dans le milieu de la mode. La Rouennaise d'adoption préfère d'ailleurs le terme blogueuse à celui d'influenceuse. "Je déteste ce terme, je préfère me définir comme chef d'entreprise, malgré tout je me présente comme influenceuse puisque c'est désormais un statut reconnu par la loi (loi Delaporte-Vojetta visant à encadrer l'influence commerciale)." Aujourd'hui à la tête d'un café rue Beauvoisine, Emilie Daudin n'a pas stoppé son activité sur les réseaux malgré une petite pause et continue d'être contactée par des marques. La trentenaire peut compter sur une agence à Paris qui lui trouve des contrats. En règle générale, la négociation se fait au nombre d'abonnés. "Bien sûr, quelqu'un qui a 1 000 ou 50 000 abonnés n'est pas payé de la même manière."
D'abord une passion, les réseaux sociaux sont devenus un métier pour Frédéric Faurillon, alias Vieux Machin Bidule sur Instagram, avec près de 22 000 comptes qui le suivent. Accouchement, post-partum, congés paternité, etc. Le père de famille a fait des questions de parentalité sa spécialité. "Désormais, tout ce que je fais tourne autour des réseaux sociaux." Au fil des années, l'infirmier de formation est devenu intervenant en community management pour les réseaux sociaux et intervient également auprès d'étudiants en école de commerce. "Je leur apprends à travailler avec des influenceurs car ce sont des personnes qui font partie désormais du paysage."
L'usage des influenceurs, un incontournable de la communication ?
L'office de tourisme fait de plus en plus appel aux influenceurs dans le cadre de ses multiples campagnes de communication. Selon l'association, ils sont moins chers et parfois plus efficaces que la communication traditionnelle.
Après les marques, les associations et institutions s'appuient à leur tour sur les influenceurs pour promouvoir leurs activités. L'office de tourisme de Rouen assume d'y avoir de plus en plus recours. "C'est un vrai média de communication. On les sollicite pour des choses spécifiques : la gastronomie, le slow tourisme [une façon de voyager en prenant son temps, en privilégiant les rencontres locales et en respectant l'environnement] ou des visites insolites", explique Christine de Cintré, sa présidente. "Cela reste beaucoup moins cher que la communication traditionnelle donc c'est assez intéressant pour une association comme la nôtre qui n'a pas forcément les moyens d'être dans de grands médias nationaux." Pour autant, il n'est pas question d'abandonner la presse ou l'affichage publicitaire, pour continuer à "toucher différentes cibles". L'office de tourisme compte bien s'appuyer sur quelques influenceurs dans le cadre du passage du Tour de France à Rouen, "pour faire la promotion de la location de vélos pour des balades en bord de Seine notamment".
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