Il surgit sans prévenir, vêtu d'un heaume, d'une cotte de mailles, d'une armure, d'une cape couleur lie-de-vin et d'une imposante épée. Puis il disparaît. Depuis deux ans, cette figure mystérieuse hante le petit village de Coulonces, dans l'Orne, au gré d'apparitions aussi soudaines qu'inexpliquées. La scène la plus troublante ? Le chevalier s'est évaporé après avoir traversé le cimetière… sans que personne ne retrouve sa trace.
Un mystérieux chevalier aperçu dans l'Orne, puis envolé dans un cimetière
Et s'il ne s'agissait pas simplement d'un déguisement isolé, mais de quelqu'un maîtrisant les codes d'un sport de combat historique ? C'est la question que nous avons posée à Gabriel Krielaart, membre de l'équipe de béhourd de Normandie, discipline de combat médiéval en armure, affiliée à la fédération nationale.
Le béhourd, entre sport de combat et rigueur historique
Pour Gabriel Krielaart, la scène intrigue… mais ne colle pas aux habitudes du béhourd :
“Le béhourd, c'est un sport, on ne parade pas en armure comme pour une reconstitution. Et même les amateurs de reconstitution, ils font partie d'une troupe, donc ce n'est pas ça. Pourquoi faire de la reconstitution seul ? Ça n'a pas d'intérêt.”
Serait-ce un amateur de reconstitution historique ?
“On en a beaucoup en Normandie, des compagnies vikings, des compagnies de la guerre de Cent Ans. Le béhourd, c'est différent, c'est un sport, même si les armures sont ancrées dans l'historicité.”
Les entraînements y sont réguliers, encadrés, et le port de l'armure est réservé aux compétitions ou aux sessions techniques. Bref, rien qui ressemble à une fugue en solitaire dans les rues d'un village.
Une armure, un tunnel et 30 minutes d'effort
Pour l'expert, le détail le plus impressionnant reste la disparition éclair du chevalier :
“Il doit avoir une galerie de souterrains. Il disparaît en un clin d'œil, sous le regard de tout le monde, c'est sûrement quelque chose comme ça. Parce qu'une armure, pour les plus entraînés, c'est au minimum 30 minutes pour la mettre, et 30 minutes pour l'enlever.”
Une telle rapidité d'exécution suppose soit une mise en scène extrêmement bien préparée, soit un accès privilégié à un lieu caché… comme un ancien tunnel, ou une entrée dérobée.
Un personnage anonyme, mais pas forcément dangereux
Il n'a jamais montré de comportement menaçant, et certains enfants disent même avoir échangé quelques mots avec lui. Faut-il y voir un simple passionné, un amateur de sensations fortes, ou un génie de la mise en scène ?
“Le gars est fort, en tout cas. Il s'amuse bien”, sourit Gabriel Krielaart, qui préfère savourer l'aspect romanesque de l'affaire.
“C'est bien que ça reste un mystère. Parfois, c'est mieux comme ça.”
En tout cas, l'anecdote fait rire : "J'ai croisé Godefroy de Montmirail, faites attention, il est un peu farouche et il a perdu Jacquouille", peut-on lire dans un avis sur la mairie de la commune.
Une équipe de béhourd qui recrute… et qui garde un œil ouvert
Du côté de la communauté béhourd normande, l'histoire amuse, mais ne détourne pas des objectifs de la rentrée. L'équipe cherche actuellement à relancer son antenne de Cherbourg, et reste ouverte à tous les profils : débutants comme expérimentés, passionnés d'histoire comme curieux d'un sport original. L'équipe de Normandie dispose actuellement de trois antennes : dans l'Orne, à Caen, et dans la région Rouen/Eure.
“Peut-être que le mystérieux chevalier nous appellera. En attendant, si des amateurs de béhourd veulent nous rejoindre : c'est ici !”
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