Le collectif des Jeunes mineurs de Rouen (CDJMR), qui compte une quarantaine de membres, s'est créé en novembre dernier mais il s'agit de sa première "grosse action". Soutenu par une quinzaine de collectifs et de syndicats rouennais, le CDJMR a installé un campement de plusieurs tentes sur les pelouses de l'esplanade de la préfecture, vendredi 2 mai, soit une quinzaine de mineurs étrangers isolés. Les tentes étaient encore là, lundi 5 mai, alors que le collectif venait d'envoyer un courrier à l'attention du président du Département Bertrand Bellanger pour alerter sur la situation des mineurs isolés à Rouen. La plupart vivent à la rue à défaut de pouvoir être accompagné par la protection de l'enfance, compétence du Département.
Minorité contestée au tribunal
Seydou, l'un des porte-parole du collectif, a "pas mal galéré et souffert" pour venir en Normandie. Originaire de la Guinée, le jeune homme dit être parti l'an dernier à l'âge de 15 ans, en raison "de la pauvreté, de la guerre et de la souffrance", et a dû traverser le Mali, pays voisin, l'Algérie, la Tunisie puis l'Italie avant d'arriver dans le sud de la France. "J'ai quitté mon pays dans une situation précaire, si je suis ici c'est pour être en sécurité." Aujourd'hui à la rue, Seydou n'a pas encore trouvé cette sécurité qu'il était venu chercher ici en France. Pensant pouvoir s'intégrer facilement grâce à sa maîtrise du français, la langue internationale au Guinée, Seydou qui est arrivé cet été en Normandie, s'est alors confronté à un mur administratif. "La juge des enfants a remis en cause l'authenticité de mon acte de naissance qui n'a pourtant jamais été contesté dans mon pays d'origine." Ecarté de l'Aide sociale à l'enfance en raison d'un test osseux qui contestait sa minorité, le jeune homme a fait appel mais fin avril, le juge pour enfants a de nouveau reporté son audience à fin août prochain. "Ils reportent nos audiences mais ils ne se demandent jamais où vous dormez, comment vous vous en sortez pendant tout ce temps."
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"Les autres (mineurs isolés) sont confrontés aux mêmes problèmes que moi et parfois leur situation est pire que la mienne", insiste Seydou qui veut parler aussi pour ses camarades. Les membres du collectif réclament ainsi la fin des tests osseux qu'ils considèrent non fiables, la réduction des délais de recours devant le tribunal pour enfants ou encore la poursuite de leur scolarité et l'accès à la santé. Sollicité par Tendance Ouest, le Département de Seine-Maritime, en charge de la protection de l'Enfance, déclare : "Il convient de distinguer la situation des mineurs non accompagnés et celle des majeurs. Les mineurs non accompagnés sont tous accueillis par le Département de la Seine-Maritime dans le cadre de ses missions de protection de l'enfance, et, à ce titre, aucun de ces jeunes ainsi pris en charge ne dort à la rue. En revanche, les majeurs sans domicile fixe ne sont pas accueillis par le Département et relèvent de la compétence de l'Etat dans le cadre de la mise à l'abri."
Les Assises des états généraux des migrations (EGM) organisent un concert et des lectures en soutien au CDJMR, mardi 6 mai, sur la place de la Madeleine devant la préfecture, avec des musiciens de l'opéra de Rouen.
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