L'explosion d'une voiture piégée a tué au moins 33 jeunes hommes rassemblés devant l'académie de police à Sanaa, une attaque qui illustre l'insécurité grandissante au Yémen.
Soixante-deux personnes ont également été blessées, dont plusieurs grièvement, a indiqué le chef de la police de Sanaa, Abdel Aziz al-Qoudassi, révisant à la hausse un premier bilan de 31 morts.
"C'est un massacre", a déclaré un témoin, horrifié. Des morceaux de chair humaine jonchaient le trottoir mêlés à des débris de véhicules soufflés par la force de l'explosion, a constaté un correspondant de l'AFP rapidement arrivé sur les lieux.
L'attentat a visé aux premières heures de la matinée des centaines de jeunes hommes qui faisaient la queue devant l'académie de police pour présenter leurs dossiers d'inscription.
Il a été commis à l'aide d'un minibus réduit en un amas de ferraille par l'explosion, qui a été déclenchée à distance, selon un responsable des services de sécurité.
Un appel urgent pour des dons de sang a été lancé par le ministère de la Santé, les hôpitaux étant à court de poches de sang pour secourir des blessés.
Une source de la sécurité a par ailleurs indiqué qu'un Somalien avait été arrêté en possession d'explosifs alors qu'il tentait d'entrer dans l'hôpital Al-Joumhouriya, où ont été admis plusieurs blessés de l'attentat.
- Al-Qaïda accusé -
Un membre armé des "Comités populaires", appellation que se sont donnée les miliciens chiites d'Ansaruallah, a accusé Al-Qaïda d'être responsable de l'attentat. "C'est l??uvre d'éléments d'Al-Qaïda", a-t-il déclaré à l'AFP, alors que l'attentat n'a pas encore été revendiqué.
Dans un communiqué, le bureau politique d'Ansaruallah a dénoncé un "crime ignoble" et promis que ses auteurs "ne resteront pas impunis".
La violence s'est accrue ces derniers mois au Yémen, instable depuis l'insurrection populaire de 2011, qui a poussé au départ le président Ali Abdallah Saleh, dans le sillage du Printemps arabe.
La milice Ansaruallah, partie de son fief de Saada (nord), a lancé en 2013 une offensive fulgurante qui lui a permis de prendre le contrôle de Sanaa le 21 septembre, puis d'élargir son influence progressivement vers l'ouest et le centre du pays où elle est combattue par Al-Qaïda et des groupes sunnites.
Le dernier attentat a visé dimanche un rassemblement de miliciens chiites à Dhamar, au sud de Sanaa, faisant quatre morts.
Un autre attentat anti-chiite avait fait 49 morts le 1er janvier à Ibb, dans la centre du Yémen. Il avait été perpétré par un kamikaze contre des partisans d'Ansaruallah participant à une cérémonie religieuse.
Par ailleurs, deux chefs tribaux et quatre membres de leur escorte ont été tués mardi dans une embuscade tendue par des hommes armés non identifiés dans la région de Baïda (centre), selon l'agence Saba.
Le Congrès populaire général, parti de l'ex-président Saleh, a affirmé que ces chefs tribaux faisaient partie de ses dirigeants et condamné l'attaque.
Il a rendu les autorités responsables du relâchement des mesures de sécurité qui favorisent "les violences quasi-quotidiennes" dans le pays.
Dans le même temps, le chef de l'Etat Abd Rabbo Mansour Hadi a qualifié de "positif" la rencontre qu'une délégation présidentielle a eue en début de semaine avec le chef d'Ansaruallah, Abdel Malek al-Houthi, selon Saba.
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