Le réchauffement climatique remet souvent ce sujet sur la table : la consommation excessive d'eau des entreprises. Pour trouver des solutions, la Région Normandie a lancé, après les sécheresses de 2022, un projet visant à réduire cette consommation, et à réutiliser l'eau usée. Deux entreprises de Vire se sont associées pour mener à bien cette action : Amand-Bianic, spécialisée dans la production d'andouilles, et CEMEX, fabricant de matériaux comme le béton.
11 % de consommation en moins en 2024
Maxime Mouriaux, directeur du site Amand-Bianic, n'a pas attendu 2022 pour chercher des solutions face à la grande consommation d'eau de l'entreprise : "Ça fait plusieurs années qu'on voulait avoir un plan concret pour la réduire, et le projet Reuse a été un vrai catalyseur." En l'espace de 3 ans, le système de précuisson a été changé, pour un gain de 200m3 d'eau par jour. Même chose pour celui d'épierrage, qui n'utilise quasiment plus d'eau. "Ce qui consomme beaucoup aussi, c'est de mettre l'usine en route le matin, entre tout le matériel ici et le nettoyage", explique Maxime Mouriaux. Des semaines de quatre jours ont donc été mises en place, pour économiser l'équivalent de 30 à 40m3 d'eau par jour, et éviter de démarrer trop de fois l'usine en période hivernale. Au total, cette action a permis d'économiser 11 % d'eau en 2024 à l'entreprise spécialisée dans l'andouille, en comparaison des chiffres de 2023.
C'est dans ces énormes cuves que l'eau est collectée et est amenée à être filtrée puis envoyée à CEMEX. - Léo Besselievre
C'est aussi l'occasion pour eux de commencer une belle collaboration avec CEMEX, juste à côté de leur usine. "C'est une belle rencontre humaine qui permet d'explorer des parties techniques, mais aussi de rencontrer des partenaires régionaux", explique le directeur du site Amand-Bianic. "Mais ce projet vise avant tout à permettre à nos voisins de réutiliser une partie de notre eau pour qu'ils l'utilisent dans d'autres secteurs d'activité, en l'occurrence la fabrication de béton", souligne Maxime Mouriaux.
Un bienfait pour les acteurs locaux
Ce projet fait également le bonheur de partenaires et d'acteurs locaux, qui investissent dans ce projet. C'est notamment le cas pour l'école d'ingénieurs "Builders" basée à Epron : "Cela nous permet d'explorer des projets transdisciplinaires, mais surtout de proposer de nouvelles formations pour la gestion de l'eau. Ce sont des opportunités, pas des contraintes", explique Guillaume Carpentier, responsable des relations internationales.
Cette première phase d'expérimentation a permis de réaliser des premiers blocs de béton. La différente entre eau non filtrée et filtrée est bien visible. - Léo Besselievre
La science fait également partie intégrante de ce projet, car l'objectif est de concevoir une "maquette" qui permet de filtrer l'eau, par un système de filtration textile sophistiqué : "Elle va nous permettre de réaliser un premier prototype avant de l'installer et de le tester dans l'entreprise Amand-Bianic", explore Benoit Agnus, président de SCIENTEAMA, à Hérouville-Saint-Clair. Des analyses d'eau et de propreté sont également menées par Labéo, comme nous l'explique Dominique Peru, chargée d'affaires : "C'est plutôt encourageant pour cette première phase, avec des analyses qui ont permis de réaliser des premières briques de béton." Ce projet novateur à l'état d'expérimentation va maintenant passer à une phase de conception et de mise en place, pour une envie de mise à pleine échelle dans un troisième temps. Si ce projet se concrétise, il pourrait satisfaire "des besoins venant de France, d'Europe mais aussi du monde entier", explique Benoit Agnus.
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