La sénatrice centriste rouennaise Catherine Morin-Desailly présente une proposition de loi pour protéger les jeunes de l'exposition excessive et précoce aux écrans et des méfaits des réseaux sociaux. Le texte, qui sera étudié le 18 décembre au Sénat, vise notamment à prendre des mesures sur le rôle déterminant de la communauté éducative en la matière.
Vous vous êtes saisie de la question des dangers des écrans dès 2018, pourquoi s'y intéresse-t-on davantage aujourd'hui ?
"Certainement parce que les usages du numérique se sont intensifiés. Les contenus et les plateformes se sont démultipliés et, du coup, les problèmes et les mésusages liés à cela ont continué à générer de plus en plus d'effets visibles. On se préoccupe donc de la santé mentale des jeunes. A l'époque, j'alertais sur les graves dangers de l'exposition aux écrans pour les enfants de moins de 3 ans. Aujourd'hui, on réalise les méfaits des réseaux sociaux, l'influence de Tik Tok ou d'Instagram avec un algorithme vraiment addictif. Désormais, j'ai des soutiens pour que le texte avance."
Votre proposition de loi met l'accent sur l'information et la formation du personnel éducatif...
"En réalité, tout le monde doit être cyber-informé : les enseignants, les éducateurs, les parents, les médecins, les administrations... Ils doivent connaître les enjeux de santé autour du numérique. Et comme l'enfant passe beaucoup de temps à l'école et que l'on utilise les écrans comme outil éducatif, il faut que chacun puisse bénéficier d'une formation initiale et continue sur ces sujets, notamment sur les méfaits des réseaux sociaux.
Je plaide depuis 2019 pour l'obligation d'une formation au numérique au sens large, inscrite dans le code de l'éducation. Cela doit concerner aussi les professionnels du secteur de la petite enfance. Je plaide aussi pour une grande campagne d'information au niveau national sur ce sujet. Beaucoup de parents ne connaissent pas les méfaits de trop de temps d'écran avant trois ans."
Vous demandez même que la montée en compétences numériques soit déclarée Grande cause nationale...
"Je l'ai demandé à deux reprises au président de la République. Je regrette que l'on ait perdu tout ce temps. Si j'avais été entendue sur mon premier texte de loi, on aurait aujourd'hui des affichages sur les emballages de smartphones et des notices sur les bonnes pratiques..."
Qu'est-ce que vous faites et que conseillez-vous pour déconnecter ?
"Chacun doit balayer devant sa porte. On est beaucoup pendu à son écran et à son téléphone portable. On y passe beaucoup de temps et on pense ne plus pouvoir s'en passer. Je crois qu'il y a des moments à sanctuariser. Le repas familial, pas d'écran. Avant d'aller se coucher, pas d'écran. L'enfant reproduit ce que fait le parent. Les adultes doivent se questionner sur leur pratique pour montrer l'exemple."
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