Une toile d'Alfred Sisley va être installée au Château-musée de Dieppe, vendredi 21 novembre, et dévoilée au public le jour même. L'œuvre, La Seine à Bougival (huile sur toile de 1873) était stockée jusqu'ici au musée d'Orsay à Paris. Affectée dans un premier temps au musée du Louvre en 1950 puis à la Galerie du Jeu de Paume un an plus tard, la toile a fait son entrée à Orsay en 1986. Cette œuvre a la particularité d'être répertoriée au registre des Musées nationaux récupération (MNR) qui regroupe toutes les œuvres spoliées par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale.
"Les forces d'occupation nazies en Europe ont mené des razzias sur les collections d'art notamment privées, explique Pierre Ickowicz, conservateur en chef du musée, on a donné à ces œuvres un statut particulier, on les a déposés auprès de l'Etat en quête d'anciens propriétaires ou d'ayants droit pour les restituer." Toutes les œuvres MNR sont ainsi classées dans "la base de données Rose-Valland" accessible publiquement sur le site du ministère de la Culture.
Le nom du propriétaire identifié mais pas ses ayants droit
La toile de Sisley référencée MNR au numéro 208 n'a donc pas vocation à rester définitivement dans le musée, "charge aux ayants droit de se faire connaître auprès des services du ministère de la Culture". De son côté, le ministère a créé une cellule qui mène ses propres investigations. "Ils travaillent sur les généalogies, les origines des œuvres, leur circulation pendant la guerre." D'après la base de données Rose-Valland, le tableau appartenait à une famille hispano-anglaise résidant à Paris du nom de Drake del Castillo, "qui a fait fortune dans le commerce du vin, précise Pierre Ickowicz. Il se trouve que le fondateur de la famille était en rapport avec les milieux impressionnistes notamment avec Monet." Spolié pendant la Seconde Guerre mondiale et forcé à la vente, le tableau s'est retrouvé au musée d'Essen en Allemagne.
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Renvoyée en France en 1950, La Seine à Bougival a ensuite fait le tour du monde de Paris en passant par Los Angeles, Chicago, Helsinki ou Singapour. Sa dernière exposition connue remonte à 2016 au musée Courbet à Ornans pour l'exposition "Courbet et l'impressionnisme".
Une œuvre de Sisley déjà restituée
En plus de ce nouveau Sisley, le musée dieppois possède 9 œuvres MNR dans ses collections. La Seine à Bougival remplace d'ailleurs une autre toile d'Alfred Sisley, Les Péniches (1870) classée aux Musées nationaux récupérations et dont les ayants droit ont été retrouvés. La restitution a eu lieu l'an dernier auprès des légitimes propriétaires, soit 70 ans après que le musée de Dieppe ait acquis l'œuvre. "Le travail de la cellule du ministère de la Culture est bien plus actif aujourd'hui que le ministère des Beaux-Arts à l'époque", explique le conservateur en chef. Autrement dit, les restitutions s'accélèrent. Il est donc possible que La Seine à Bougival ne reste pas aussi longtemps dans le musée.
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