En 10 ans, la France a perdu, ou plutôt gagné, 4 millions de fumeurs quotidiens en moins. Des progrès qui s'expliquent par de nombreux facteurs, et notamment par le dispositif Mois sans tabac, qui se déroule depuis 10 ans chaque mois de novembre.
"Le dispositif a un véritable effet, les gens s'y mettent dès octobre", salue Marie Van der Schueren, responsable de l'unité de coordination de tabacologie du CHU de Caen. Rappelant que "le tabagisme, c'est 75 000 morts par an en France", elle ne peut que se réjouir de voir cette évolution positive. D'ailleurs, la Normandie, autrefois mauvaise élève, est désormais une région moins consommatrice que la moyenne nationale.
Selon les chiffres de Santé publique France, 16,6% des Normands âgés de 18 à 79 ans déclarent fumer quotidiennement, contre 17,4% dans tout l'Hexagone. Cependant, des particularités régionales sont à retenir. "C'est en Bretagne et en Normandie que l'on vapote le plus. Ce qui pourrait expliquer cette diminution du tabagisme", relate l'addictologue. Autre particularité locale : "Dans l'ensemble des régions, les plus défavorisés ont tendance à plus fumer. Sauf en Normandie. Les fumeurs sont issus de n'importe quelle catégorie socioprofessionnelle", poursuit-elle.
Dénormaliser le tabac
Derrière son comptoir, Aurélie Triboulet l'assure, "il y a de moins en moins de fumeurs de cigarettes". La gérante d'un bar-tabac situé place de la Mare, tout près de l'université de Caen, remarque que les consommateurs "basculent vers la cigarette électronique". La raison à tout cela ? Les augmentations successives du prix du tabac. "Beaucoup de jeunes fument encore, mais ils achètent un paquet pour deux, ils n'ont plus trop de sous", remarque-t-elle. "Dépenser 13€ dans un paquet de 20 cigarettes fumées en une journée, ça fait un sacré budget. Ça a limité le nombre de nouveaux fumeurs, les pas ou peu dépendants", prolonge Marie Van der Schueren.
Montrant les dernières nouveautés qu'elle vend, Aurélie Triboulet constate "le carton" des cigarettes électroniques ou puffs. Comme ce modèle où "pour 19,90€, ils peuvent tirer 33 000 taffes, ils tiennent 15 jours avec. Un paquet de Marlboro, ça fait juste un jeudi soir", assure-t-elle. Mais le prix n'est pas le seul facteur. "L'ambiance générale a changé. On a appris qu'on pouvait vivre sans tabac", d'après la tabacologue du CHU. De plus en plus de lieux sans tabac fleurissent, participant à cette "dénormalisation" : les établissements hospitaliers, mais aussi les parcs, les pourtours d'écoles, les plages… "Aujourd'hui, dans un groupe de personnes, c'est normal d'avoir des gens qui ne fument pas. Avant, ceux qui ne fumaient pas étaient pointés du doigt. C'est comme l'alcool. Ça devient à la mode de ne pas consommer, on arrive à l'accepter." Ajoutez à cela le remboursement depuis plusieurs années des traitements de substitution, et vous avez un cocktail parfait pour lutter contre le tabagisme. Pour beaucoup, cela ne se fait néanmoins pas si facilement. L'aide de spécialistes peut être essentielle, car "le tabac est une maladie chronique dont on paie les pots cassés parfois 40 ans après. On ne peut pas attendre que ce soit réglé en 15 jours", assure Marie Van der Schueren.
Alors même si le Mois sans tabac a déjà commencé, il n'est pas trop tard pour éteindre votre dernière cigarette. Ou pour ne jamais allumer la première.
La cigarette électronique représente-t-elle aussi un danger ?
La cigarette électronique est-elle un allié ou non des tabacologues ? Eléments de réponse.
Si la cigarette classique perd du terrain, les cigarettes électroniques, qu'on appelle parfois communément CE ou puff, plaisent. Mais sont-elles dangereuses pour ceux qui les utilisent, qui "vapotent" ? "C'est une question qui fait polémique, chacun a son idée là-dessus", admet Marie Van der Schueren, tabacologue au CHU de Caen. Selon elle, le tabac est bien plus mauvais pour l'organisme. Alors pour un fumeur quotidien, la cigarette électronique est un très bon outil pour arrêter. "Seulement si elle est bien utilisée, avec les bons dosages, en étant accompagné", prévient la docteur.
En revanche, "si vous avez un poumon sain, sans tabac, le mieux, c'est de respirer de l'air pur. Il vaut mieux ne jamais vapoter si on n'a jamais été fumeur", assure la professionnelle de santé. Elle constate cependant que de plus en plus de jeunes vapotent, avant même d'avoir fumé une cigarette pour la première fois. Un phénomène assez nouveau, mais qui n'induit pas, pour le moment, "un effet passerelle" vers le tabagisme ni vers le cannabis.
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