L'explorateur rouennais Matthieu Tordeur repart le 29 octobre en Antarctique pour une mission scientifique d'environ 80 jours avec la glaciologue Heïdi Sevestre. Il se déplacera en kite-ski, du ski tracté par une voile. Parrain de l'édition 2025 de la Transat Café L'Or, l'aventurier est l'invité d'une table ronde, samedi 25 octobre sur le village de la Transat. Il poursuit la préparation de son expédition.
Pourquoi le choix du kite-ski ?
"L'Antarctique est un territoire qui fait 25 fois la taille de la France. C'est le continent de tous les extrêmes, c'est le plus froid, le plus sec et le plus venteux de la planète. On va dans un univers qui va être hostile et le kite-ski répond à pas mal de contraintes car il nous permet de nous déplacer très rapidement. Quand les conditions sont réunies, on peut faire 150 à 200km en une seule journée, si bien qu'on peut avoir accès à des points très éloignés et très à l'intérieur de la calotte polaire."
Quel est l'objectif scientifique ?
"Lors de ma dernière expédition avec Heïdi Sevestre au Groenland, on faisait de la science quand on était à l'arrêt. On creusait des fosses à neige pour faire des études sur sa densité et sa concentration en polluants. Pour cette nouvelle expédition, on est plus ambitieux, c'est-à-dire qu'on va faire de la science en permanence puisqu'on va traîner derrière nous sur 4 000km des radars à pénétration du sol qui vont envoyer comme une onde sonar dans la glace pour savoir ce qu'on a sous nos pieds et de visualiser en direct la densité de la glace dans la calotte polaire. Ce sont des données qu'on ne peut pas collecter par voie aérienne ou satellite."
Quand ces données
seront-elles disponibles ?
"C'est un peu décevant mais le temps de la science est malheureusement assez long. Il est peu probable qu'on revienne avec une réponse à la fin de l'expédition. Avec un peu de chance, les résultats pourraient être publiés d'ici deux ans. Ça paraît long mais la science est prudente et donc pour publier des résultats qui soient précis il faut mettre ça en concordance avec plein d'autres données."
Concrètement à quoi doit répondre cette mission ?
"Avec le réchauffement climatique, il y a quelque chose d'un peu contre-intuitif mais on constate une augmentation des précipitations de neige à l'intérieur du continent. C'est lié au fait que l'océan austral qui est autour du continent antarctique se réchauffe et qu'on constate une évaporation accrue de cet océan qui concentre davantage de nuages et provoque donc ces précipitations de neige. Et la question que se posent les scientifiques c'est : est-ce que ces précipitations nouvelles viennent contrebalancer les pertes que l'on constate à la périphérie de l'Antarctique ? En étudiant la glace en Antarctique, nous pouvons acquérir des connaissances essentielles sur le système climatique de la Terre afin de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour protéger la biodiversité, atténuer et s'adapter aux impacts du changement climatique à l'échelle mondiale."
C'est surtout Heïdi Sevestre qui sera chargée de cette analyse scientifique, qu'est-ce qui vous motive, vous, dans ce genre d'expédition ?
"Avec Heïdi, ce qui m'intéresse c'est surtout de mettre l'aventure au service d'une cause, au service de la science. On ne sensibilisera jamais aussi bien le grand public par l'émotion et je crois que ces grandes épopées ont le pouvoir de capter l'attention. Je pense qu'on a un besoin crucial d'incarner cette science aujourd'hui et surtout de donner de l'espoir et de la partager au plus grand monde."
Le périple de Matthieu Tordeur et Heïdi Sevestre est à suivre en temps réel sur le site underantarctica.com. Les deux aventuriers prévoient également de capter de nombreuses images de leur parcours d'environ 80 jours pour un prochain film documentaire prévu à la télévision.
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