C'est "de la colère" que ressent Agathe Besnier, éducatrice spécialisée au sein de l'équipe NEET'S, qui fait partie du Service d'aide aux jeunes en difficulté, porté par l'association calvadosienne de sauvegarde de l'enfance et l'adolescence (ACSEA), à Caen. Ce service qui accompagne les jeunes en état de grande précarité, entre 18 et 25 ans, devrait disparaître le 30 novembre. L'appel à projets n'a pas été renouvelé, ni le soutien financier.
De la rue à l'emploi
Les quatre éducateurs aident en moyenne 120 jeunes chaque année dans le secteur caennais. En menant des maraudes dans le centre-ville, la gare, la Presqu'île, ils créent du lien, et accompagnent ces jeunes adultes. "On fait déjà une régulation dans les démarches administratives : carte d'identité, fiche d'impôt… Des choses importantes pour prétendre à un emploi et un logement", explique Agathe Besnier.
Amandine Cherel en a bénéficié. Désormais en contrat d'insertion à la Chiffo, cette jeune est suivie depuis deux ans et demi par l'équipe. "Cette fermeture m'attriste, on a créé beaucoup de liens. Quand il y a un coup de cafard, que ça ne va pas, je les appelle", témoigne-t-elle.
Encore quelques semaines pour inverser la tendance
Gérant aussi les cas d'urgence pour offrir des solutions d'hébergement, l'équipe NEET'S effectue de la médiation, propose des ateliers d'équithérapie, ou emmène des jeunes enregistrer des chansons au Cargö. "On a été au cinéma, on prend souvent des goûters ensemble… Ça m'a aidé à me remettre 'dans la vie réelle'", poursuit la jeune femme.
Pourquoi donc cet arrêt brutal ? "Je ne sais pas, répond Agathe Besnier. Nous intervenons auprès de beaucoup de jeunes en grande précarité, la plupart en situation de handicap. Ils n'ont pas la capacité cognitive pour se débrouiller dans la vie active, beaucoup vont se retrouver mis de côté et invisibles."
Pour ne pas laisser ces jeunes sans solution, l'équipe appelle à un rassemblement au 43 avenue du Six Juin ce jeudi 16 octobre "pour nous soutenir, échanger et signer une pétition." Avec la croyance de pouvoir faire bouger les lignes ? "Bien sûr, j'aurais de l'espoir jusqu'au dernier jour", promet Agathe Besnier.
Agathe Besnier
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