Je suis arrivé sur place alors que le gros du travail avait déjà été effectué par la pelle mécanique, qui a "décapé" le terrain. Depuis plusieurs semaines, des fouilles archéologiques se déroulent à divers endroits de Caen, avant que le chantier d'extension du tramway ne prenne le relais. Devant le théâtre, sur le boulevard Maréchal Leclerc, les archéologues ont sollicité mon aide dans cette seconde phase, celle dite de nettoyage. "On nettoie ce qu'on a trouvé pour comprendre", m'indique Johanne Lautridou, archéologue responsable de secteur. Devant moi, d'anciennes canalisations, de la terre et plusieurs amas de pierres, qui en disent beaucoup pour ceux qui savent les lire.
Gratter pour révéler les secrets
"Soit on nettoie la pierre avec une pelle-pioche, car il faut encore descendre, soit à la truelle pour faire ressortir les pierres des murs", m'explique-t-on. Alors je me saisis d'une truelle, et je m'exécute devant des pierres de taille, qui formeraient un ancien rempart datant du XIVe siècle. Face à ces témoins de l'histoire, j'essaie d'être précautionneux, mais je vois ma collègue d'un jour ne pas hésiter à y aller franchement pour retirer toute la terre et la poussière. Alors je fais de même, puis passe un coup de brosse pour nettoyer le tout. L'aspect de la pierre peut révéler beaucoup de secrets pour ces experts. "Si elle a rougi, c'est qu'elle a chauffé", me renseigne Leïla Tickner, responsable de la fouille. Une couleur verte peut témoigner de restes de toilettes, qui ont coloré au fil des années la pierre. "Grâce à la couleur, on se demande si la pierre a pris feu, s'il y a eu du charbon contre le mur, si elle a été longtemps à l'air libre… La nettoyer permet aussi de retrouver parfois des graffitis."
Avec mon œil de néophyte, je confesse ne pas avoir appris grand-chose de cette pierre. Mes deux accompagnatrices me font escalader quelques anciennes canalisations condamnées, pour me montrer la principale découverte : une tour circulaire, du XIVe siècle aussi, associée à ces remparts. "On sait qu'il y avait un pont dans le secteur, d'ailleurs nous sommes à côté de la rue du Pont Saint-Jacques. Juste avant, il y avait une porte. On se demande si ce n'en sont pas les vestiges."
Avant que ces vestiges ne soient recouverts à jamais, les archéologues vont prendre le soin de les photographier sous tous les angles, afin d'ensuite analyser ce qu'ils ont découvert, un travail qui les occupera jusqu'en 2027. Dans les prochaines semaines, d'autres secteurs seront sondés, comme le quartier Lorge.
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