Nicolas Marais, quel bilan de santé faites-vous du sport en général ?
"Depuis trois ans, la crise s'est accentuée. La baisse de toutes les dotations financières d'État est extrêmement impactante pour nos sports, dont certains sont en très grande difficulté, et la réforme territoriale n'a fait qu'amplifier le phénomène. On a forcé les collectivités locales à fusionner pour créer des ensembles sans aucune cohérence et avec des compétences inégales. On veut renforcer la pratique sportive, sans rien au bout. Ce sont des belles paroles mais, au final, on ne prend toujours pas en compte l'importance de la pratique sportive, véritable facteur de cohésion sociale, avec un rôle éducatif, partout sur le territoire, qu'on soit en paysage urbain ou rural. On malmène le sport."
Qu'entendez-vous par là ?
"On a remis en cause la réforme de la gouvernance sportive. En Normandie, il y a 700 000 licenciés sportifs, la masse salariale globale des clubs estimée est de 64 millions d'euros par an. Ajoutez à ça que 94 % des emplois sont dans les clubs, comités ou ligues qui comptent de 0 à 5 salariés. La réalité est celle-là."
Une réalité qui impacte aussi le
bénévolat…
"Il y a plusieurs raisons à la fuite des bénévoles. Les contraintes professionnelles, la société qui évolue, les familles monoparentales. En plus, on a connu un virage vers une consommation du sport sans contrainte, où l'on va au club, mais où l'on ne veut d'aucun investissement. On parle du statut de l'élu en France, il n'en existe aucun pour les élus sportifs. C'est anormal. Aujourd'hui, vous êtes président d'un club, d'un comité, d'une ligue, vous n'avez aucune décharge horaire pour mener à bien votre mission. Si l'on veut redonner du sens à l'investissement, il faut des moyens avec ces décharges horaires, mais le ministère des Finances bloque depuis des années."
Que préconisez-vous ?
"En Normandie, le football, le handball, le tennis ou le judo doivent poser le sujet d'un président salarié sur la table. Si on veut des présidents de Ligues régionales qui ne soient pas que des retraités, qui soient dynamiques jeunes et actifs, ce n'est pas compatible avec les contraintes de notre époque. Il faut aller vers ce statut sans remettre en cause les suffrages à chaque élection. Et ça donne, en plus, une obligation de résultat. C'est le sens du congé d'engagement associatif que l'on porte, mais il faut aller bien au-delà. Ce serait même une première qui pourrait être un progrès social de haute valeur."
* Interview enregistrée avant les événements liés au Covid19
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