En ce moment : HITS and NEWS RADIO - TENDANCE OUEST Ecouter la radio

En ce moment
abonnement

Avec "Les Misérables", l'Iran s'ouvre à Paris et à Broadway

On pourrait se croire à Paris ou New York mais les acteurs chantent en persan et c'est dans un hôtel de luxe à Téhéran que les "Misérables" font salle comble, dans cette capitale d'une République islamique inquiète de l'"invasion culturelle" occidentale.

Avec "Les Misérables", l'Iran s'ouvre à Paris et à Broadway
Une scène des "Misérables" adaptés en comédie musicale qui fait salle comble en Iran, à Téhéran le 3 décembre 2018 - ATTA KENARE [AFP]

Jean Valjean, l'inspecteur Javert, Gavroche, Cosette, Marius, Fantine et les Thénardier ont depuis longtemps droit de cité en Iran, où la première traduction des "Misérables" de Victor Hugo a été publiée en feuilleton en 1910.

Pour le guide suprême iranien lui-même, l'ayatollah Ali Khamenei, c'est un livre "prodigieux" sur "la bonté, l'affection et l'amour".

"Binavayan" ("Les Misérables" en persan) a déjà fait l'objet de nombreux films, dessins animés et bandes dessinées en Iran, mais l'adaptation du chef-d'œuvre hugolien en comédie musicale ne va pas de soi à Téhéran, où la censure veille scrupuleusement sur les arts.

"Dans toutes les scènes, les femmes portent des perruques", indique un encart surligné en rouge sur une affiche de promotion. Utile précision puisque l'apparition d'une vraie mèche de cheveux féminine sur scène est le genre d'incident susceptible de compromettre la tenue d'un spectacle.

Mais comment monter une comédie musicale dans un pays qui interdit aux femmes de danser en public ou de chanter en solo devant des hommes?

Le metteur en scène, Hossein Parsaï, a été pendant cinq ans chef du département des arts du spectacle au ministère de la Culture et de la Guidance islamique et sait très bien ce qu'il est autorisé de faire ou non.

"Théâtre bourgeois"

L'idée du spectacle a germé dans son esprit il y a une dizaine d'années alors qu'il sortait d'une représentation d'"Oliver Twist" (d'après Dickens) à Londres, raconte-t-il à l'AFP.

"Je me souviens m'être demandé amèrement pourquoi nous n'avions pas de comédies musicales en Iran. La question m'a déprimé pendant plusieurs jours. Puis je me suis promis qu'un jour j'en monterais une", confie M. Parsaï.

Le rêve prend forme fin 2017 avec sa représentation d'"Oliver Twist" pendant plusieurs semaines à la salle Vahdat, un opéra de plus de 700 places construit sous le Chah.

En comparaison, "Les Misérables" a des airs de superproduction, avec 150 musiciens et choristes et autant d'acteurs. Tous Iraniens.

La salle retenue, le Royal Hall de l'Espinas Palace, luxueux hôtel sur les hauteurs de Téhéran, compte 2.500 places.

Pour le public iranien, M. Parsaï a adapté la version britannique à l'origine du succès international de la comédie musicale créée initialement en 1980 à Paris par le metteur en scène français Robert Hossein.

Depuis la première, le 11 octobre, le succès est au rendez-vous, avec six représentations hebdomadaires. En dépit d'attaques virulentes de plusieurs journaux, la pièce a été prolongée jusqu'à fin janvier.

"Les Misérables vus par les riches", a titré en une le journal réformateur Sazandegi.

M. Parsaï reconnaît volontiers qu'avec des billets vendus entre 500.000 et 1.850.000 rials (de 4 à 16 euros environ), son spectacle n'est pas accessible à toutes les bourses.

Le quotidien ultraconservateur Javan a, lui, publié une critique de la pièce intitulée "Entrée interdite aux misérables". Il a aussi mis en garde contre l'"invasion" d'un "théâtre bourgeois" qui finit par "corrompre toute valeur culturelle, morale ou artistique".

"Révolution toujours vivante"

Mais pour M. Parsaï, "Les Misérables" est un "chef-d'œuvre sans frontières" qui "parle à toutes les époques" et donc "aussi à Téhéran aujourd'hui".

"Il y est question des divisions de classes, de la désagrégation de la société et de la pauvreté, des choses qui existent aujourd'hui", ajoute-t-il. "C'est un sérieux avertissement", "un rappel aux spectateurs que d'autres classes existent et que nous avons le devoir de les voir".

Le Royal Hall n'ayant pas de fosse, l'orchestre a été installé sur une mezzanine au-dessus de la scène.

La plupart des acteurs n'avaient aucune expérience du chant avant ce spectacle, et cela se sent.

Le décor, assez minimaliste, est soutenu par des jeux de lumière et de vidéos projetés sur la scène. Les costumes, très soignés et colorés, le sont sans doute un peu trop pour certains personnages censés venir des bas-fonds de la société.

Des "Vive la France" retentissent en français dans les scènes relatives à l'insurrection républicaine de juin 1832 à Paris.

Pour passer la censure, la chorégraphie impose une certaine retenue dans la danse et les acteurs ne se touchent pas.

Et pour pallier l'interdit du chant féminin en solo, une femme en noir dont on ne distingue pas le visage apparaît par intermittence côté jardin: elle est censée soutenir mezza voce le chant de l'actrice sur scène.

Qu'importent ces détails, la foule des spectateurs est conquise et réserve une ovation debout aux artistes.

Mehdi Houchyar, chef d'entreprise, trentenaire, ose un parallèle entre le mouvement actuel de contestation français des "gilets jaunes" et l'insurrection parisienne de 1832. "Après 200 ans, cela se reproduit en France. C'est bien, ça prouve que la révolution est toujours vivante", dit-il.

M. Parsaï, lui, pense à la suite. Après avoir amené "Broadway en Iran", il voudrait maintenant étendre le genre à des œuvres iraniennes, comme celles du poète Roumi, qui vécut six siècles avant Hugo.

Galerie photos
Newsletter
Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Lire les journaux
Petites Annonces
Immobilier
Caen, à louer studette meublée, 13 m2
Caen, à louer studette meublée, 13 m2 Caen (14000) 360€ Découvrir
Gîte
Gîte Sainte-Mère-Eglise (50480) 67€ Découvrir
Bretagne, 22 - Plestin-les-Grèves St-Efflam, loue face à la
Bretagne, 22 - Plestin-les-Grèves St-Efflam, loue face à la Plestin-les-Grèves (22310) 0€ Découvrir
Garage / Box / Garde-meuble
Garage / Box / Garde-meuble Agnac (47800) 60€ Découvrir
Automobile
Renault Megane
Renault Megane Coutances (50200) 2 000€ Découvrir
Vends Mercedes Classe A
Vends Mercedes Classe A Argences (14370) 29 000€ Découvrir
Tiguan
Tiguan Hérouville-Saint-Clair (14200) 9 900€ Découvrir
Urgent, vends Peugeot 407
Urgent, vends Peugeot 407 Saint-Aubin-du-Cormier (35140) 1 300€ Découvrir
Bonnes affaires
Vide maison
Vide maison Cauvicourt (14190) 0€ Découvrir
Armoire ancienne
Armoire ancienne Caen (14000) 0€ Découvrir
Pots de buis
Pots de buis Caen (14000) 0€ Découvrir
Machine à coudre Singer
Machine à coudre Singer Saint-Etienne-du-Rouvray (76800) 75€ Découvrir
L'application mobile de Tendance Ouest
Inscrivez vous à la newsletter
La météo avec Tendance Ouest
Les pronostics avec Tendance Ouest
Votre horoscope du jeudi 28 mars
Les jeux de Tendance Ouest
L'emploi avec Tendance Ouest
Films et horaires dans vos cinémas en Normandie
L'agenda des sorties de Tendance Ouest
Les concerts avec Tendance Ouest
Les replays de Tendance Ouest
Avec "Les Misérables", l'Iran s'ouvre à Paris et à Broadway