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Avec la violence, les noctambules de Rio ne sont plus à la fête

"Les clients ne viennent plus, ils ont peur". Paulo Sergio a essuyé une dizaine d'attaques à main armée en un an dans son petit bar de Santa Teresa, endroit touristique de Rio de Janeiro qui devient, à la nuit tombée, un quartier fantôme.

Avec la violence, les noctambules de Rio ne sont plus à la fête
Un couple dans un bar du quartier Santa Teresa à Rio de Janeiro, au Brésil, le 27 juillet 2017 - Mauro PIMENTEL [AFP]

Dans cette ville amoureuse de la fête, les quartiers noctambules souffrent d'une chute de la fréquentation: la flambée de la violence pousse de plus en plus de Cariocas à rester chez eux.

Rien ne dit que le déploiement récent de milliers de soldats pour assurer la sécurité à Rio portera ses fruits, tant la criminalité, exacerbée par la faillite économique, y est devenue un fléau.

Ces dernières années, Santa Teresa, l'un des quartiers les plus pittoresques de Rio avec ses maisons du 19e et ses rues pavées, était devenu un repaire d'artistes et de bourgeois-bohèmes, avec des ateliers, des galeries, des festivals de musique.

La clientèle des bars débordait sur les trottoirs, et la gentrification de Santa Teresa avait été accompagnée de l'ouverture de restaurants avec des terrasses romantiques et de quelques hôtels chics.

Mais aujourd'hui, dans ce quartier niché sur une colline et jouxté par deux favelas, les noctambules ont peur.

Les bars et restaurants sont le soir venu la cible de bandes armées. "Ils arrivent à quatre, ils arrêtent la voiture (devant l'établissement), ils volent les smartphones et les montres des clients et emportent la caisse", explique à l'AFP Paulo Sergio, propriétaire du Bar do Serginho.

Comme les assaillants sont de plus en plus lourdement armés, un seul d'entre eux suffit à tenir en respect de la pointe de son fusil les clients sans même descendre de la voiture, pendant que les autres dévalisent tout le monde.

"Santa Teresa, quand la nuit tombe, vous ne voyez plus personne dans la rue, on dirait une ville fantôme", dit Paulo Sergio, qui tient son bar dans le quartier depuis 40 ans.

"Maintenant, les gens prennent leur voiture même pour faire 400 ou 500 mètres".

Deux kilomètres plus loin, Natacha Fink, propriétaire du restaurant Espirito Santa, explique qu'il est arrivé que des clients l'appellent "pour savoir si le restaurant est sûr".

Livraisons à domicile

Face à cette tension extrême et à l'inaction de la police, on tente de s'adapter.

Les taxis refusant souvent de monter les clients à Santa Teresa, un restaurant réputé propose d'aller les chercher chez eux et de les ramener après leur dîner - gratuitement.

Paulo Sergio, lui, baisse le rideau de son bar plus tôt: "comme on a vu que les attaques survenaient à partir de 20H, maintenant on ferme à cette heure-là".

Il s'est mis aussi à faire des livraisons à ses clients. "Ça ne compense pas ce que je perds en recette", déplore-t-il, "et ça montre que les gens ne sortent pas dans la rue".

Francisco Dantas, propriétaire du Café do alto, a commencé lui aussi à livrer des repas à domicile. "C'est une chose que je ne faisais pas il y a encore deux mois. Mais si les gens ne sortent pas, c'est à moi d'aller à eux".

"La fréquentation de nuit a baissé de 30 à 40% dans mon bar-restaurant, depuis novembre 2016 en gros. C'est la première fois que mes recettes diminuent en 15 ans", explique-t-il.

Avec d'autres propriétaires de restaurants, de cafés et des riverains, M. Dantas a créé il y a deux mois l'association Amosanta pour tenter de changer l'image de Santa Teresa dans les esprits.

"On fait la promotion du quartier. On s'est mobilisés, notamment pour que toutes les agressions soient rapportées à la police", dit Mme Fink, membre de l'association elle aussi.

"C'est mieux. Il y a déjà plus de policiers. Mais ce n'est plus comme avant", reconnait-elle.

'J'ai peur d'un braquage'

A Lapa, quartier noctambule par excellence de la "Ville merveilleuse", Valter Gabriel explique dans son bar quasi désert en début de soirée qu'il a perdu 30 à 35% de sa clientèle depuis la fin des JO.

"Moi, j'ai peur d'un braquage", dit-il, "mais surtout les gens ne se sentent pas en sécurité dans la rue".

Alors non seulement les clients de son bar, l'Arco Iris, viennent moins nombreux, mais ils repartent plus tôt.

"Lapa, c'est le thermomètre, c'est le Marais à Paris, la plus grande concentration de bars au mètre carré", explique Ricardo Rabelo, fondateur du site culturel Bafafa. "Le Carioca n'a pas peur de la foule, il a peur des endroits vides!".

Paradoxalement, "Rio n'a jamais eu une vie culturelle aussi intense", dit M. Rabelo, évoquant "un week-end avec 70 événements à l'agenda". Mais "la différence, c'est que les Cariocas donnent la priorité aux activités diurnes".

Comme les "festas juninas", fêtes de quartiers de juin et juillet. "Avant, elles se poursuivaient tard dans la nuit. Là à 20H00 (le soir), c'est fini!", ajoute-t-il.

Ricardo Rabelo confie ne plus aller à Santa Teresa "à cause de la violence". "C'est la roulette russe. Il y a juste un petit pâté de maison où on peut encore aller", renchérit-il.

La violence a prospéré à Rio sur le marasme économique d'un Etat qui ne peut plus payer à temps ses policiers.

"Les policiers manquent de voitures, de balles, de tout, même de nourriture", souligne M. Rabelo.

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