Une banque du sperme pour donner la vie

Pour accéder aux 8 000 paillettes de sperme du Centre d’étude et de conservation du CHU de Caen, il faut montrer patte blanche. “Il est de notre responsabilité de savoir ce que deviennent les spermatozoïdes que nous recevons”, explique Ethel Szerman, à la tête de ce service unique dans la région.

Chaque année, entre cinq et dix donneurs acceptent d’offrir leur sperme au CECOS de Caen. Le chiffre reste dérisoire au regard du nombre d’hommes qui font de même avec leur sang. L’offre n’en rencontre pas moins la demande. En moyenne, près de 50 couples s’adressent au CECOS chaque année, pour mettre au monde une trentaine d’enfants.

Un don anonyme et gratuit

“Les bénévoles doivent être âgés de 18 à 44 ans, avoir le consentement de leur conjointe s’ils en ont une, et avoir eu au moins un enfant”. La loi de bioéthique de 2011 préserve l’anonymat, le donneur comme le receveur ne pouvant connaître l’identité de l’autre. “Il n’est donc pas possible de recevoir les spermatozoïdes d’un ami”, précise Ethel Szerman. Le bouche à oreille n’en demeure pas moins l’outil de communication le plus efficace pour convaincre certains bénévoles de contacter le CECOS.
Chaque paillette est référencée en fonction des caractéristiques physiques du donneur. Le personnel médical souhaite ainsi éviter de voir naître, par exemple, un enfant métis dans un ménage blanc. Couleurs des cheveux, des yeux et de la peau, poids et taille du donneur sont ainsi précieusement enregistrées. 

Celui-ci ne peut contribuer qu’à un maximum de dix naissances. La loi impose alors au CECOS de détruire les paillettes restantes. Le centre conserve également les spermatozoïdes de patients amenés à subir des traitements lourds, pouvant entraîner une stérilité, comme par exemple lors d’une chimiothérapie. Dans tous les cas, le rêve de donner la vie s’affiche en toile de fond.