Jeudi 25 septembre, le conseil communautaire de Caen la Mer a été animé par un débat autour du tracé du futur tramway, opérationnel si tout se passe bien en 2029. Si le début du chantier pourrait survenir au printemps prochain, un élu d'opposition, Xavier Le Coutour, aimerait prendre le temps de repenser au projet. Soulevant certains points, il souhaite mettre en place un moratoire de six mois afin de reprendre des éléments techniques.
"Il est encore temps de faire machine arrière, ayons le courage de dire que les choses ont évolué, je trouve qu'il y a beaucoup d'incertitudes", dresse celui qui ne se dit pas opposé à un projet de tramway "s'il est justifié". Des propos qui ont "désolé" le président de Caen la Mer Nicolas Joyau, jugeant "le dossier bien ficelé", et déplorant ce conseil communautaire "politique", alors que les élections municipales approchent.
La Folie-Couvrechef oubliée ?
Xavier Le Coutour avance premièrement l'absence du quartier de la Folie-Couvrechef dans le projet, "exclu d'emblée par Caen la Mer", pourtant quartier peuplé, qui abrite de nombreux secteurs tertiaires, des établissements scolaires, ou encore le Mémorial et la Clinique Saint-Martin. "Le tramway ira jusqu'au siège de la CCI. On sera à 300m de la Colline aux oiseaux, à 700m du Mémorial, à 300m du futur Musée Gandur", répond Nicolas Joyau, qui rappelle qu'un kilomètre de réseau correspond environ à 25M€. "Ajouter un kilomètre pour aller au cœur de la Folie-Couvrechef ne nous permettait pas de boucler le budget", promet-il.
Pour pallier l'absence de tramway, Caen la Mer met en exergue la ligne 2 de bus, de passage toutes les 10 minutes, qui permet de descendre à l'arrêt Bernières, en centre-ville, en moyenne en 19 minutes. Soit exactement le temps que mettrait le tramway. D'ailleurs, 40% des usagers de cette ligne vont à l'Université, et perdraient donc du temps en tramway. "Je n'ai pas la prétention de dire ce que sera la communauté urbaine dans 20 ans. Il y aura d'autres projets, le champ des possibles est ouvert", poursuit le président de Caen la Mer.
Un détour qui vaut cher ?
Autre point de crispation pour Xavier Le Coutour : le décoché effectué par le tracé pour entrer dans la cour du lycée Malherbe, puis desservir le Zénith, le Parc des Expositions et le Palais des Sports. Un détour "coûteux" mais dont l'utilité reste à démontrer selon lui, puisqu'il estime qu'un équipement sportif ne se vide pas avec un tramway de passage toutes les 10 minutes. "C'est oublier le stade nautique, la partie est de Venoix, le quartier Saint-Ouen", rétorque Nicolas Joyau, qui assure que les déplacements liés aux événements sportifs ou culturels dans le secteur ne sont pas pris en compte dans les estimations. "C'est de l'excédent", promet-il.
Caen la Mer assure qu'elle aura assez de rames pour proposer un fonctionnement "événementiel", en place aussi lors d'une rencontre au stade Michel d'Ornano, afin de faire circuler le plus de monde possible.
Voir moins grand
Xavier Le Coutour estime encore que la question d'un BHNS, Bus à haut niveau de service, devrait se poser lors des six mois de son moratoire. "Nantes et Rouen l'ont fait", prend-il comme exemple. L'option a bien été étudiée pendant les concertations préalables assure Caen la Mer. Plusieurs arguments contre ont fait peser la balance.
"Dans les quartiers historiques, les voies sont plus étroites", et donc moins pratiques pour un bus. De plus, le BHNS arrivant de Beaulieu ou la Folie-Couvrechef aurait amené à "une rupture de charge" puisqu'une fois en ville, il aurait fallu changer de transport pour récupérer le tramway. Et puis "la durée de vie du BHNS est deux fois moindre à celle d'un tramway", ou encore "il aurait fallu construire un centre de maintenance" alors que celui des tramways à Fleury-sur-Orne pourra encaisser l'arrivée de rames supplémentaires. Enfin, le tramway permet de végétaliser les rues, là où le BHNS impose du bitume.
Des estimations de fréquentation en baisse
Dernier point de discorde, celui de la fréquentation estimée du tramway. D'abord de 36 000 voyageurs quotidiens sur les nouvelles lignes en 2021, le nombre a été revu à la baisse depuis, diminuant à 22 000. Cette nouvelle estimation a été effectuée "au sortir du Covid, où les chiffres de fréquentation des transports en commun ont chuté", glisse Nicolas Joyau, qui estime donc le chiffre "sous-estimé". Mais quand bien même, avec une moyenne de 3 100 voyageurs par kilomètre, "le projet est dans les standards du tramway actuel, ou de ceux du Havre ou d'Angers. Si on était resté au chiffre de 36 000, on nous aurait dit 'vous exagérez.'"
Quoi qu'il en soit, ce projet tramway qui se veut "essentiel pour le territoire" et "facteur d'attractivité" se poursuit. L'enquête publique est en cours, tandis qu'une vidéo immersive en 3D montrant le tracé et son insertion dans l'espace public a été publiée la semaine passée par Caen la Mer.
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