Des grilles d'acier qui s'élèvent à près de 80m de haut. Avec le bruit, et parfois la vapeur, c'est ce qui frappe quand on pénètre sur l'usine pétrochimique de la plateforme TotalEnergies de Normandie, à Gonfreville-L'Orcher. "Il y a entre 5 000 et 10 000 tonnes d'échafaudages, c'est énorme", souligne Pascal Pyllioen, chef de projet Grand Arrêt. Depuis mercredi 9 avril, cette vaste opération de maintenance, qui n'a lieu que tous les sept ans, est en cours sur ce site qui représente 15% du plastique produit en France. Elle mobilise 2 500 personnes sur deux mois, dont 2 000 issues de sociétés extérieures.
La "rue principale" du vapocraqueur. - Célia Caradec
Commencé par l'unité de production de styrène, qui permet notamment de produire la matière utilisée pour la fabrication des pots de yaourt, le grand arrêt touche à sa fin, en cette fin du mois de juin. Plusieurs unités ont déjà redémarré, d'autres redémarrages sont imminents comme celui des unités butadiène (utilisé dans la production de caoutchouc et d'élastomère), aromatiques 3 (benzène pour l'industrie chimique et pharmaceutique) ou le fameux vapocraqueur, qui produit de l'éthylène et du propylène à destination de l'industrie plastique.
Le changement des nez de torche à 70m de haut. - TotalEnergies
Réduire les rejets de CO2
"L'objectif de cet arrêt est de vérifier qu'il n'y a pas d'altération, de corrosion. On inspecte les installations et on les remet en état pour les sept ans à venir", détaille Pascal Pyllioen. L'arrêt des installations permet aussi d'apporter des modifications à certains équipements, en vue de réduire de 4% les émissions de CO2 du site pétrochimique, soit 17 000 tonnes par an.
L'installation du ReHeater, une pièce de 280 tonnes, sur l'unité styrène, a été l'une des grandes manœuvres de ce grand arrêt. - TotalEnergies
"Par exemple, sur l'un des fours, nous avons travaillé sur les brûleurs et le préchauffage de l'air pour gagner en efficacité énergétique", indique Cyril Revault, chef du département vapocraqueur. Sur le vapocraqueur, les économiseurs, qui dataient des années 1970, ont été changés, soit cinq modules de 50 tonnes. "Ils permettent de récupérer des calories produites par les fours du vapocraqueur pour préchauffer de l'eau à 150°C", détaille Cyril Revault.
Les échafaudages qui entourent les colonnes nécessitent six mois de montage. Leur démontage va s'étendre jusqu'en octobre. - Célia Caradec
Toujours sur cette unité, une quarantaine d'échangeurs, des tuyaux qui "arrivaient à bout de souffle", ont été changés. Les nouveaux équipements, commandés dès 2023, ont été fabriqués par Fouré Lagadec et Delaunay et Fils, deux entreprises havraises.
Des sous-traitants locaux mobilisés
"Pour cet arrêt, 70% des achats matériels ou des prestations sont assurés via des entreprises locales" ou les agences locales de grands groupes industriels, précise d'ailleurs Pascal Pyllioen. Fouré Lagadec pour le styrène, Ponticelli, ADF ou Endel pour la mécanique, Actemium ou SPIE pour l'électricité et l'instrumentation, C.I.N pour les calorifuges… Pour les spécialités moins représentées sur la place havraise, des travailleurs français et d'une vingtaine de pays sont mobilisés. Portugal, Lituanie, Roumanie, Kazakhstan mais aussi des pays d'Asie ou d'Amérique latine… "Cela nécessite de traduire les documents de sécurité et de travail en différentes langues, d'avoir recours à des traducteurs."
Plusieurs "bases vie" provisoires sont implantées sur le site le temps du grand arrêt. Elles comprennent des bureaux, salles de réunion, sanitaires, food-trucks… - Célia Caradec
Pour faire vivre tout ce monde, "le site se transforme en un vrai petit village avec 3 200m2 de bureaux temporaires, six food-trucks, des navettes de 6h à 22h, des sanitaires", souligne Eric Sammut, directeur régional de TotalEnergies. Au total, cette vaste opération de maintenance représente l'équivalent d'un million d'heures de travail, dont 70% concentrés sur les deux mois d'arrêt des installations. La prochaine, en 2026, concernera cette fois la raffinerie de la plateforme de Gonfreville-L'Orcher.
Reportage - Le grand arrêt s'achève chez TotalEnergies
Du bruit et des torchères au redémarrage
Le grand arrêt peut engendrer des torchères et du bruit.
Le site pétrochimique comprend deux torches, à l'est et à l'ouest. "C'est l'ultime sécurité, qui permet de brûler les gaz en cas de problématique de production", indique Pascal Pyllioen, chef de projet Grand arrêt chez TotalEnergies. Les nez de torche, qui culminent à 70m de haut, ont été inspectés durant cet arrêt. Les opérations sont préparées en amont à l'aide d'inspections visuelles réalisées par drone, puis des nacelles, grues et cordistes permettent de réaliser les travaux en hauteur, lors de l'arrêt.
En phase de redémarrage, il peut y avoir des torchères et des opérations plus bruyantes qu'à l'accoutumée. La population est alertée via le dispositif Allo Industrie. Les mairies environnantes, la préfecture et les pompiers sont aussi prévenus.
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