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[Dossier]. Tourisme insolite : la ruée vers l'Orne

Tourisme. Six jours et demi : c'est la durée moyenne de séjour d'un touriste dans l'Orne. Et pour séduire toujours plus ces assoiffés d'ailleurs, les hébergements ne manquent pas d'originalité.

[Dossier]. Tourisme insolite : la ruée vers l'Orne
Le GR du tour de la Suisse normande a été désigné en 2023 le circuit touristique préféré des Français, il est long d'une centaine de kilomètres.

Pierre Poisson, Angevin d'origine et en poste depuis deux ans à la tête de Tourisme 61, dont l'équipe - seize personnes - est directement rattachée au Conseil départemental de l'Orne, a cette formule qui dit d'un trait ce que peut découvrir un touriste en débarquant dans le département : "Un immense parc d'attractions à ciel ouvert. C'est notre Puy du Fou à nous, et celui-là n'a rien d'artificiel. C'est que notre département, avec l'ensemble de ses particularité, offre à voir, à sentir, à goûter, à écouter, à toucher : son patrimoine bâti et médiéval, ses spécialités culinaires, ses cités de caractère, ses espaces sensibles et protégés, ses forêts, ses lieux de mémoire, etc. Ici, chacun peut développer ses cinq sens de la manière la plus épurée qui soit." À cette carte du menu touristique propre au département, il faut ajouter un plat singulier : le séjour insolite sur les chemins de traverse dont l'Orne est un merveilleux exemple.

Pas que pour les routards "rustiques"

Ce qui devient tendance et séduit de plus en plus une clientèle plutôt urbaine en quête de naturel et d'original l'était déjà il y a une bonne quinzaine d'années, quand les premières cabanes perchées dans les arbres firent chez nous leur apparition. Depuis, le phénomène de l'insolite est allé grandissant, en même temps que l'offre d'hébergement s'est élevée en gamme. "En fait, dit Pierre Poisson, ce type de vacances concerne tout à la fois le routard qui se serait embourgeoisé et le routard plus rustique."

Autrement dit, insolite ne veut pas ou plus dire bas de gamme, ça serait même tout le contraire. Les opérateurs en charge de ce secteur visent à implanter dans le département de nouveaux produits qui répondent précisément à cette nouvelle tendance. Exemple parmi d'autres : les Tiny Houses, petites maisons écolos, en cours d'installation dans le Perche. "Le tourisme durable l'est ici vraiment, et cela ne date pas d'hier", dit encore Pierre Poisson, qui met en avant un certain nombre de projets associant le tourisme hors normes aux démarches environnementales. L'écotourisme a la cote : "Je ne vois pas d'ailleurs ce qui ne serait pas durable dans un département comme le nôtre. C'est tout notre ADN, et l'insolite ici n'a de sens que s'il est précisément proposé dans des paysages protégés, en campagne, loin de tout."

Un bon bol d'air 
après la Covid

L'Orne peut se targuer d'une durée de séjour - en moyenne six jours et demi par touriste - supérieure à ce qui se pratique ailleurs. Effet Covid : le Département propose après les périodes anxiogènes un bon bol d'air de plus en plus apprécié. Les circuits de randonnées pédestres et cyclistes font un tabac.

Si le tourisme dit insolite fait son petit bonhomme de chemin, le département reste toujours aussi connu pour ses deux locomotives que sont le Haras du Pin et les thermes de Bagnoles-de-l'Orne. Tous deux attirent le plus grand nombre de touristes. Des valeurs sûres, au milieu de l'insolite…

L'offre d'hébergements touristiques dans l'Orne en chiffres.

Quand on partait sur les chemins…

Berjou. Quand on partait sur les chemins…
Les Roches d'Oëtre, une des étapes du sentier de grande randonnée. - Tourisme 61

Le sentier de randonnée préféré des Français est dans l'Orne.

Au hit-parade des randonneurs, c'est le préféré de tous : le sentier de Grande Randonnée du tour de la Suisse normande arrive en tête du peloton, devant le tour du Larzac et le sentier du littoral des Hauts-de-France, dans la région du Pas-de-Calais. Un sondage effectué cette année auprès des marcheurs a permis d'établir ce classement, dont les services du tourisme de l'Orne se servent pour mettre en avant les hébergements insolites le long du parcours.

113 kilomètres de sentier

Le sentier de Grande Randonnée enjambe sur 113 kilomètres les départements du Calvados et de l'Orne par Thury-Harcourt (Le Hom), Clécy, Pont-d'Ouilly, Saint-Philbert-sur-Orne ou encore Condé-en-Normandie, au total un circuit fléché de six grandes étapes qui empruntent quelques-uns des sites majeurs, dont les Rochers de la Houle, le Pain de Sucre ou les Roches d'Oëtre (photo), des paysages faits de méandres et de gorges encaissées avec parfois un vrai petit relief de moyenne montagne ! À ce chemin, s'en ajoute un autre, cette fois à vélo : la Vélofrancette. Cet itinéraire balisé mis en place en 2015 qui va de Ouistreham à La Rochelle fait un tabac auprès des cyclotouristes chevronnés. Certains tronçons, en cours d'aménagement, sont praticables. Pour aller d'un point à un autre en passant par l'Orne, il faut pédaler sur plus de 600 kilomètres. La Vélofrancette permet de rejoindre la Véloscénie qui conduit au Mont Saint-Michel.

À Saint-Fraimbault, j'irai dormir dans un tonneau ou dans une ruche

Saint-Fraimbault. À Saint-Fraimbault, j'irai dormir dans un tonneau ou dans une ruche
Romain Langlin est le régisseur du camping municipal de Saint-Fraimbault, qui propose de séjourner à l'intérieur de ces tonneaux. Le camping accueille de nombreux cyclotouristes en randonnée. - Philippe Bertin

On parle de " foudres" en raison de leur capacité de couchage. en fait des gros tonneaux pour dormir à l'intérieur. Tout à coté, des répliques de ruches pour faire aussi dodo.  

On parle de "foudres", en raison de leur gros volume et donc de leur capacité de couchage. Ce sont en fait des gros tonneaux réaménagés pour dormir à l'intérieur. Tout à côté, des répliques de ruches, également pour dormir. Voilà pour l'insolite dans un camping sans prétention et bon enfant, le camping municipal des Chauvières, à Saint-Fraimbault, commune placée sous la houlette de la communauté de communes Andaine-Passais. L'ensemble compte une trentaine d'emplacements à l'écart du bourg, dont ces ruches et ces deux tonneaux. Le reste est fait pour les caravanes, les toiles de tente et les camping-cars.

Dans l'esprit du cyclotouriste…

Le site a eu la bonne idée de renouveler le genre de l'hébergement sous toile ou en caravanes en proposant aux visiteurs de passage ce type de séjour assez curieux. D'un côté, donc, les tonneaux, dans lesquels on se glisse pour passer la nuit, de l'autre, des répliques désignées comme des ruches, dont les couchages sont aménagés en alvéoles avec, en prime, une trappe au pied pour y entrer ou en sortir si l'on a envie de jouer les petites abeilles. Les ruches portent chacune un nom de baptême approprié : l'ouvrière, l'hydromel, le miel, la reine… Chacune peut accueillir jusqu'à cinq personnes. Pour les tonneaux, pas plus de deux.

Pour les amoureux du confort trois ou quatre étoiles et du lit très très douillet, mieux vaut passer son chemin. Le camping municipal ne prétend pas jouer dans la cour des grands sites cocooning. Ce serait même un peu l'inverse. L'intérieur des deux tonneaux est plutôt du genre très spartiate, les couchages sont à la dure. Mais c'est ce que recherchent les touristes qui passent ici la porte du domaine assez bucolique. Beaucoup d'entre eux empruntent la Vélofrancette, la piste cyclable qui relie Ouistreham, dans le Calvados, à La Rochelle, en Charente-Maritime. Le camping est labellisé "Accueil vélo". En chemin, la pause est dans l'esprit de la randonnée, sac à dos en porte-bagages. Les tarifs sont au ras des pâquerettes : 30 € la nuitée en tonneau, 50 € pour une nuit en ruche pour cinq personnes.

Pour des courts séjours en famille

Les familles sont aussi adeptes de ce type d'hébergement le temps d'un week-end. "C'est amusant pour les enfants", avance Romain Langlin, 37 ans, qui gère le lieu. Lui-même est venu le tester avec ses enfants et des amis. "C'est vraiment l'idéal pour passer du bon temps dans un cadre sympa."

Le camping de Saint-Fraimbault, joli village de caractère, bénéficie d'un environnement agréable. À ses pieds, un joli plan d'eau et sa buvette-guinguette et, pas loin, une base de pleine nature.

Ici, la durée de séjour n'excède pas en moyenne une semaine, le plus souvent les campeurs y restent une à deux nuits, guère davantage. La clientèle est essentiellement régionale, avec tout de même un petit tiers d'étrangers, anglais, hollandais, belges, suisses, qui en profitent pour visiter les alentours. "Et ici, dit Romain Langlin, il y a plein de choses à voir."

"En plus de quinze ans, nous avons vu émerger pas mal de choses"

Orne. "En plus de quinze ans, nous avons vu émerger pas mal de choses"
La cabane perchée aménagée en 2006 par Claire Stickland fut la première. - Philippe Bertin

Elle a devancé la mode. En 2006, Claire Stickland, citoyenne franco-britannique, a construit la première cabane perchée de l'Orne, à Bellou-le-Trichard. Depuis, "Perché dans le Perche" a fait des émules.

Claire Stickland, en 2006, a créé "Perché dans le Perche" : la première cabane perchée de l'Orne, à Bellou-le-Trichard.

Pensiez-vous que l'hébergement insolite allait prendre une telle ampleur ?

"Nous avons été précurseurs sans vraiment le vouloir. À l'époque, en 2006, il n'y avait encore aucune cabane de ce type dans le département, et très peu en France. Ce qui nous a motivés, c'est d'abord le lieu que nous avons découvert dans le Perche, et ce châtaignier qui nous a inspirés. Aujourd'hui, la concurrence dans le domaine de l'insolite s'est développée, mais cela me plaît : la concurrence est saine. Elle nous motive et nous incite à mieux communiquer encore sur notre lieu et à valoriser ce que nous pouvons proposer, un espace qui soit très confortable dans un lieu exceptionnel en osmose avec la nature."

C'est la recette pour réussir ?

"Créer de l'insolite pour de l'insolite n'a, à mes yeux, que peu d'intérêt. Et dans ce domaine, en plus de quinze ans, nous avons vu émerger pas mal de choses, bonnes et moins bonnes. Dans ce secteur, il y a vraiment de tout, et parfois du n'importe quoi ! L'insolite n'a à mon avis d'intérêt que s'il est authentique."

L'Orne est-il le département idéal
pour favoriser le tourisme dit insolite ?

"Le Perche est une région pour cela, parce qu'il a une histoire et des racines. C'est une histoire qui vient de la terre. Les touristes y sont très sensibles. Au-delà du type d'hébergement, ce qui compte, c'est la vibration qu'on peut ressentir au contact de la nature. Et ce n'est pas un effet de mode."

À la Grande Noë, la vie de château… dans les arbres

Agnès de Longcamp a fait de la propriété familiale à Moulicent, dans le Perche, le domaine de la Grande Noë.

C'est un château de famille, au beau milieu de la campagne. C'est à côté d'une série de cabanes toutes aussi familiales. Pari réussi pour Agnès de Longcamp, qui a fait de la propriété de ses ancêtres, à Moulicent dans le Perche, un lieu à part, symbole de l'insolite et du tourisme respectueux de l'environnement. D'un côté, neuf cabanes dans les arbres, dont la fameuse Paradiso, qui tutoie les cimes à seize mètres de haut, accessible par une échelle de corde. De l'autre, une ferme bio qu'exploite dans le même domaine de la Grande Noë sa sœur Sophie.

C'est l'écologie les pieds sur terre et la tête dans les étoiles : un dispositif qui séduit les touristes avides de dépaysement. Une clientèle pas si bobo qu'on ne pense, mais plutôt, dit Agnès, des "familles qui veulent vivre quelque chose de différent, comme un rêve d'enfant qu'on réalise le temps d'un séjour, une expérience unique".

Les cabanes en sont l'illustration, rappelle la maîtresse de maison : les matériaux qui ont servi à leur construction proviennent d'essences locales, les aménagements intérieurs sont faits de bois mort réutilisé, les toits sont en matériaux recyclés et les toilettes sont sèches. On surveille aussi la santé des arbres centenaires comme le lait sur le feu : pas de clou, ni de vis plantés dans les troncs pour ne pas les faire souffrir. L'architecture imaginée pour ces maisons de bois est aussi faite de telle sorte qu'elle n'empêche pas les arbres de grandir.

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