Il vit à Tourlaville et vous pourriez le croiser, arpentant le littoral est du Cotentin, du côté de Fermanville et même jusqu'à la Hougue. Thierry Bonhomme ne se déplace jamais sans Maggie, sa petite chienne de dix ans. "Tout ça, c'est elle, déclare-t-il d'un air malicieux. Maggie me promène à la mer. Ensemble, on s'est mis à ramasser les déchets."
Ramasseur du Cotentin
Dans la pouc de Thierry, beaucoup de déchets de plastique. "Je ne supportais plus de voir des emballages de sandwichs ou de petites bouteilles traîner, explique-t-il. Le summum, ça reste des déjections canines abandonnées dans les sachets…" Les enfants de Thierry lui ont offert une pince pour attraper plus facilement les détritus. "Du côté de Fermanville et du port Lévi, la côte retient les déchets comme un peigne, raconte-t-il. Je ramasse souvent des contenants asiatiques. Je ne sais pas s'ils sont jetés des bateaux ou rapportés par la mer…" À Collignon, la mer chatouille un sable presque blanc. La plage des grèves semble ce jour-là immaculée. "D'autres personnes ramassent, souligne Thierry. Du côté du Val de Saire, on trouve plus de déchets liés à la pêche. Des cordages, des filets, des lignes… et puis des élastiques de poches à huîtres."
L'enfant de Tourlaville
Collignon, c'est son coin : "J'ai grandi ici, enfant, je venais me baigner et pêcher." Tourlaville, il connaît comme sa poche. Agent au service communication interne de Cherbourg-en-Cotentin, il a été à l'origine du magazine Reflets créé en 1991 et qui mettait en avant les habitants de Tourlaville. "C'était une époque de changement où, dans un monde sans ordinateur ni Internet, la communication devenait déjà indispensable, se souvient-il. J'ai rejoint la mairie en 1981. Il y avait beaucoup de chômage pour les jeunes à ce moment-là, la Cogema [Orano aujourd'hui, NDLR] n'existait pas mais on s'en moquait. Le punk était passé par là, la vie était douce. Mon père m'avait trouvé un remplacement, je livrais des courriers en mobylette ! J'étais pris pour un job à Paris, et puis mes collègues ont insisté pour que je reste, alors je ne suis jamais parti…"
Passionné de musique, Thierry s'est investi localement en créant, dans les années 80, l'association Monkey Business. "On a fait venir de super groupes à Cherbourg, comme Chris Bailey des Saints ou les Hot Pants avec Manu Chao." Thierry en a vécu des choses, et ses anecdotes sont passionnantes. Si l'envie vous prend de le saluer lors d'une de ses balades avec Maggie, pour sûr, sa bonne humeur vous donnera le sourire.
La petite histoire de la digue de Collignon
La digue de Collignon a une histoire particulière.
Des histoires, Thierry en a plein sa casquette. Il a d'ailleurs eu l'occasion d'écrire deux livres sur Tourlaville. À l'entrée de la digue de Collignon, devant les dates inscrites sur les deux piliers de granit, il raconte…
Monsieur Collignon
"Je ne trouvais pas d'archives sur la digue de Collignon, jusqu'à ce que je comprenne que je cherchais mal : ce n'était pas son vrai nom, explique-t-il. C'est la digue de l'est. Depuis l'île Pelée, elle fut érigée pour compléter la grande rade." Sa construction fut confiée à un monsieur Collignon, un entrepreneur parisien qui devait en imposer selon lui. "Car les Cherbourgeois commencèrent à surnommer la plage et la digue Collignon. Ce qui est drôle, l'homme a déserté le chantier un beau jour, sans plus donner de nouvelles." La Marine nationale dut terminer le chantier de la digue en 1894.
La passe Cabart-Danneville
Le projet initial de construction de la digue ne prévoyait pas de passe. Or les pêcheurs du Becquet levèrent la voix : "Il était inacceptable pour eux de contourner toute la rade pour rejoindre Cherbourg, raconte Thierry Bonhomme. La passe fut aménagée grâce à l'intervention du député Charles-Maurice Cabart-Danneville, c'est pourquoi elle porte son nom…"
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