![[Enquête] Rouen. Réouverture de l'Omnia : les clés de son succès](https://medias.tendanceouest.com/photos/1200/402165/)
Après deux ans d'attente, l'Omnia rouvre enfin ses portes ! Repris en 2010 par la Ville de Rouen et exploité par le groupe Noé cinémas, l'établissement a gagné en notoriété dans le monde cinématographique. Il est aujourd'hui considéré comme un lieu emblématique des cinéphiles et des réalisateurs. "Le cinéma d'art et d'essai marque une certaine différence avec ce qu'on appelle l'exploitation commerciale. Nous défendons le cinéma d'auteur. Ils ont une certaine esthétique et une écriture qui sortent des sentiers battus", relate Hervé Aguillard, le directeur de la salle. C'est aussi ce qui fait la particularité du cinéma. "Nous privilégions toutes les œuvres étrangères en version originale sous-titrée, c'est une condition sur laquelle on ne revient jamais. Nous ouvrons aussi la porte à des scénographies qui sont peu diffusées, comme des documentaires ou des courts-métrages qu'on ne retrouve pas forcément dans les multiplexes", ajoute ce dernier. Les animations telles que les débats ou les rencontres entre le public et les réalisateurs sont également l'un des points forts de l'Omnia.
"On privilégie le côté humain"
Le succès de la salle s'est construit au fil des années. "Nous sommes situés sur un emplacement qui a une histoire. Le bâtiment est une reconstruction d'après-guerre. Autrefois à Rouen, les gens allaient au Gaumont, puis à l'Omnia, raconte Hervé Aguillard. Lorsque nous avons ouvert en 2010, le lieu était vieillissant et le contexte concurrentiel très dur. Beaucoup nous ont dit que ça ne marcherait jamais, mais on s'est battus tous les jours. On est partis de 140 000 spectateurs la première année pour arriver, en 2019, à 260 000, et c'est ça notre fierté." Dès le début, l'objectif était simple : "Que le cinéma d'art et d'essai ne soit pas qu'une niche pour les cinéphiles pointus." Grâce à un réseau étoffé, de nombreux réalisateurs et scénaristes ont fait le déplacement à Rouen, comme Bertrand Tavernier et Alejandro Jodorowsky. "Il y a quelque chose qui se produit lorsque les artistes viennent. Des fois, on entend parler de la réputation d'un cinéaste qui serait un peu difficile, et puis quand il vient chez nous, le courant passe si bien qu'il demande à revenir", lance Jean-Marc Delacruz, le programmateur.
Et puis, à l'Omnia, pas question de bornes automatiques pour acheter son ticket. "On privilégie le côté humain. Cela passe par le fait d'aller à la caisse, d'avoir des agents avec qui on peut parler de cinéma. Non, nous n'avons pas de borne à l'entrée et on en est fiers. À la place, on a des agents d'accueil cinéphiles que les clients connaissent. La première porte d'entrée, c'est celle-là", poursuit Hervé Aguillard. Comparée à d'autres structures, la programmation de l'Omnia se distingue par le choix des films, comme le veut son cahier des charges de cinéma art et essai. Beaucoup sont peu médiatisés et méconnus du grand public. C'est aussi ça, l'Omnia, un lieu de découverte cinématographique. Enfin, c'est aussi et peut-être même avant tout, un cinéma de proximité. Situé en plein centre-ville, il est accessible à tous. Le plus à ne pas négliger : les prix. Même après les travaux, le prix le plus élevé pour une entrée reste en dessous de 10 euros.
L'Omnia a rouvert mercredi 7 septembre, après de nombreux travaux. On fait le point.
7,5 millions d'euros
La rénovation de l'Omnia a été financée par la Ville de Rouen, la Région Normandie, la Métropole Rouen Normandie et le Centre national du cinéma et de l'image animée. Le coût total s'élève à 7,5 millions d'euros.
24 à 30 films projetés chaque semaine
Selon les semaines, 24 à 30 films sont projetés à l'Omnia. Les petits films d'auteur restent à l'affiche deux semaines au minimum. Selon les contrats, certains peuvent y rester trois à six semaines maximum. La programmation évolue selon plusieurs facteurs : l'actualité cinématographique ou les partenariats entre l'Omnia et les distributeurs de films.
8 salles de cinéma
L'Omnia compte aujourd'hui huit salles, au lieu de sept avant travaux, pour 1 212 fauteuils en tout. Elle conserve une grande salle, la numéro 1 avec 465 places, puis des salles plus modestes, entre 80 et 245 places et une nouveauté : la salle 8, intimiste avec 17 sièges. Les fauteuils rouges ont été changés pour plus de confort.
1 nouvel ascenseur et des accès PMR
Avant les travaux, les personnes à mobilité réduite n'avaient que difficilement accès au cinéma. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
Les salles ont été repensées pour pouvoir accueillir toute personne en situation de handicap.
Et pour faciliter leur accès, un ascenseur vient d'être installé.
Si les espaces ont été réaménagés, l'âme de l'Omnia est toujours là et les nouveautés sont au service de ce qui fait sa force.
C'est tout le cinéma qui a été repensé. Les travaux ont permis de réaménager l'espace. Les écrans ont été changés, une nouvelle salle de 17 fauteuils a été pensée et un ciné-café a vu le jour.
De nombreux travaux engagés
Avant la restructuration du bâtiment, sept salles permettaient de projeter les films aux spectateurs. Aujourd'hui, le cinéma en compte huit. "L'idée n'était pas tant d'avoir une nouvelle salle, mais surtout d'avoir un nouvel écran pour projeter les films. On en a tellement à diffuser dans l'année qu'on arrivait vite à saturation avec sept écrans", indique Hervé Aguillard, directeur de l'Omnia. Ce nouveau lieu permettra aussi de donner la chance à certains films de rester plus longtemps à l'affiche. "L'idée aussi, c'est que cette pièce puisse être utilisée par des étudiants en audiovisuel ou par un cinéaste qui voudrait montrer son film à son équipe. S'il tourne dans la région, il pourra visionner ses rushs. On peut vraiment tout imaginer", ajoute-t-il. La nouvelle venue donc, la salle 8, ne compte que 17 sièges. Dans un cadre plus intimiste, ce nouvel espace est aussi l'occasion de prolonger la durée de certains films.
Toute l'infrastructure a été modernisée. Les écrans ont été changés ainsi que les haut-parleurs. Désormais, il y aura du son bi-amplifié dans les plus grandes et du son numérique mono dans les autres. Tous les gradins ont eux aussi été réaménagés, pour que les spectateurs aient une belle vision. "On a vraiment fait le maximum pour qu'il y ait un confort. Désormais, on a le plus grand écran de l'agglomération rouennaise. Il fait 20 mètres de base et sera dans notre grande salle", annonce le directeur.
L'autre nouveauté attendue, c'est l'espace ciné-café. La façade ayant été rénovée à l'image du bâtiment d'après-guerre, l'objectif était de profiter de la vue panoramique sur la rue de la République. Il est possible d'y aller avant ou après les films, ou tout simplement pour déjeuner le midi. Chaises, tables, fauteuils et un comptoir ont été installés. Et pour les inconditionnels du pop-corn, vous pourrez aussi en acheter pour vos séances cinéma. "On propose des petits encas salés et sucrés. On se fournit chez des producteurs du coin. Nous travaillons notamment avec une boulangerie rouennaise, L'art du pain, pour les tartes sucrées qu'on proposera également à la carte", annonce le chef de l'établissement, comme pour rester dans l'esprit d'un cinéma de quartier.
"Vers une cinématographie plus ouverte"
Le ciné-café accueillera, entre autres, des expositions et diverses animations comme les débats. Avec cette réouverture, l'équipe entend aussi développer des programmations dédiées aux groupes scolaires. Tout ce que vous avez connu à l'Omnia reste inchangé, de la programmation aux abonnements, en passant par les tarifs réduits et le partenariat avec la carte Gaumont-Pathé. "Même si parfois on propose un cinéma très pointu avec des films de niches, l'idée, c'est aussi d'aller vers une cinématographie plus ouverte", rappelle le programmateur Jean-Marc Delacruz. Pour le futur, l'équipe envisage d'élargir sa cible à travers sa programmation.
L'Omnia est avant tout réputé pour sa programmation. Après les rénovations, les objectifs restent les mêmes.
Ce qui fait en grande partie la réputation de l'Omnia, c'est sa programmation. Le programmateur, Jean-Marc Delacruz, visionne une quantité astronomique de films. Son rôle est de proposer ceux qui ont à la fois touché sa sensibilité et son regard critique. Il s'appuie aussi sur l'écho de ses films auprès de confrères ou de critiques.
Comment sélectionnez-vous les films qui seront en tête d'affiche ?
C'est tout un travail que je fais à l'année. Je regarde tous les films qui sont sortis. Si on est dans une période avec beaucoup de films à visionner, je me fie aussi aux échos qu'ils ont eus. On essaie d'être toujours à l'affût de ce qui se fait et ce qui va bientôt sortir.
Pour l'ouverture, quels types de films allez-vous proposer ?
On va partir sur une programmation typiquement art et essai. Il y aura Revoir Paris qui porte sur les attentats. Un film puissant sur la mémoire et ce qui reste du traumatisme. On a aussi un film qui s'appelle Tout le monde aime Jeanne qui est inspiré d'une bande dessinée sur le mal de vivre traité de façon comique. Après, nous aurons également des films de répertoire, comme ceux de Pier Paolo Pasolini.
Qu'en est-il des événements ?
Mardi 13 septembre à 20 heures, le cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa présentera son film Babi Yar. Contexte sur l'histoire de l'invasion allemande en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale. Dimanche 11 septembre à 16 heures, Joäo Pedro Rodrigues est invité pour l'avant-première de Feu follet, une comédie musicale inclusive.
Après de longs mois d'attente, c'est enfin le jour J. L'Omnia rouvre ses portes au public, pour le plus grand bonheur des cinéphiles normands.
Les Rouennais l'ont longuement attendu et sont impatients de retrouver les fauteuils du cinéma Omnia. "Ça m'a cruellement manqué. Et pour dire, depuis qu'il a fermé, je suis beaucoup moins allé au cinéma parce que la programmation ne me convenait pas toujours", avoue Edwin Ponceau, cinéphile rouennais.
Une vision commune du cinéma
"Je me retrouve vraiment à l'Omnia. Il y a un côté plus convivial que dans d'autres salles. On n'y va pas que pour le film. Mon meilleur souvenir, c'était quand je suis allé voir le film 2001 l'Odyssée de l'espace de Kubrick. On nous avait expliqué le contexte et ça m'a plu", raconte Edwin Ponceau. Et ce n'est pas le seul à apprécier l'endroit. Arnaud Delalondre, directeur des cinémas Gaumont Grand-Quevilly et Gaumont-Pathé aux Docks 76, est, lui aussi, impatient de la réouverture du cinéma, une salle qu'il apprécie et qu'il juge complémentaire de celles qu'il dirige. "Je viendrai à l'Omnia pour voir le film Ennio sur le compositeur Ennio Morricone. L'Omnia va compléter mon enrichissement personnel sur certains films et l'offre cinématographique que l'on propose dans la métropole."
La réouverture est donc très attendue. "Dès que l'Omnia rouvrira, je prendrai un abonnement d'un an parce que j'ai vu qu'ils avaient mis beaucoup de films. J'en avais déjà pris un pour cinq mois, mais là, j'aurai besoin de plus de séances", se ravit Edwin Ponceau.
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