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Istanbul-Plage: nager entre deux mers, entre deux continents

International. Tous les matins, Metin Cakmakci se hâte de déplier sa serviette sur une chaise longue à l'ombre d'un parasol. Avant que "sa" plage, sur la rive asiatique d'Istanbul, ne soit prise d'assaut.

Istanbul-Plage: nager entre deux mers, entre deux continents
Metin Cakmacki, sur la plage de Caddebostan, sur la côte asiatique à Istanbul, le 28 juillet 2022 - Ozan KOSE [AFP]

A 74 ans, le retraité à la peau recuite par le soleil passe son été sur cette bande de sable de Kadikoy, à 25 minutes de son appartement: "Une mer pareille pour une gigantesque ville comme Istanbul, c'est pas mal!" sourit-il en désignant l'eau cristalline, face aux Iles des Princes.

Istanbul, mégapole historique de plus 16 millions d'habitants entre deux mers et deux continents, ne s'envisage pas immédiatement comme une station balnéaire.

Mais à l'instar de New York, Beyrouth et d'une poignée de capitales, on peut s'y baigner tout l'été et rentrer en métro la peau salée, le sable collé aux sandales.

"Autrefois on pouvait accéder à l'eau partout. Depuis bien sûr, les constructions ont poussé, les côtes ont changé, alors on se retrouve un peu les uns sur les autres", constate Metin Cakmakci.

La municipalité d'Istanbul a d'ailleurs rajouté sur sa plage une centaine de chaises longues qui en compte désormais 300 et 170 parasols, détaille Sezgin Kocak, chargé de l'entretien, qui a passé son enfance sur ce sable et voit cette année l'affluence croître.

Un effet de la crise économique qui frappe durement en Turquie, avec une inflation proche de 80%.

Burkini et bikini

"Beaucoup de gens ne peuvent plus sortir d'Istanbul", assure Canan Civan, sexagénaire péroxydée en bikini. "Mais même si j'avais l'argent, je n'irais pas ailleurs", affirme-t-elle. "Plutôt que dépenser pour dix jours de vacances, je préfère venir ici chaque jour pendant trois mois."

"Je me sens libre, je m'installe, je bronze... c'est idéal. On peut même apporter son picnic. Ils ferment les yeux".

Istanbul compte 85 plages ou baignades accessibles entre la mer Noire, au nord et celle de Marmara, au sud, avec le couloir du Bosphore entre les deux.

Publiques ou privées, certaines attirent plutôt une clientèle traditionnelle, qui se baigne tous voiles dehors et d'autres les bikinis, certains très échancrés.

Mais à l'image de la société turque, les deux se côtoient aussi parfois, sans apartheid. Ou de part et d'autre d'une ligne de démarcation invisible, comme à Silé (prononcer Chile), au débouché du Bosphore sur la Mer Noire.

Du côté des bikinis, Eren Bizmi encourage ses amis lancés dans une partie de volley-ball.

"Quand on évoque la mer, les gens pensent plutôt à Bodrum", sur la Mer Egée (ouest). "Mais les Stambouliotes le savent bien: ici on est à 35, 40 minutes du centre", relève cet agent immobilier de 32 ans qui vante "la mer la plus belle, moins salée", de Sile.

"Et je peux travailler en même temps: si un client appelle, je file lui faire visiter une maison et je reviens!"

Sema Basaran, 22 ans et seule fille des deux équipes, vient de marquer. Etudiante, elle passe son été entre le sable gris et les rouleaux de l'immense plage.

Personne ne mentionne les deux mines marines découvertes dans les parages au printemps, héritage du conflit qui se joue un peu plus au nord, entre la Russie et l'Ukraine.

Le privilège du Bosphore

Enfin, il y a les baigneurs du Bosphore et ceux-là ne troqueraient leur place pour rien au monde, à l'image d'Eren Tör et de son groupe qui se retrouvent tous les matins à Bebek, quartier de la rive européenne.

Ce retraité de 64 ans nage - "c'est le seul!" s'esclaffent ses amis - "tous les jours l'année, même en hiver, même sous la neige" affirme-t-il en déroulant les photos sur son smartphone.

"Pour moi, c'est un privilège de se baigner à Istanbul, entre deux mers, entre deux continents", dans une eau autour de 23 degrés l'été et 11 en moyenne l'hiver. "Que rêver de mieux?".

Presque tous ont appris à nager ici enfant, dans les eaux du Bosphore dont ils connaissent les courants piégeux et décèlent les changements d'humeur.

Comme Levent Aksut qui continue, à 92 ans, de venir nager "trois à quatre fois par semaine".

Mais "le gouvernement ne tient pas à voir des gens en maillots" regrette son fils Caner, évoquant le parti AKP islamo-conservateur au pouvoir qui, selon lui, a réduit les lieux de baignade.

Mais leur rituel à eux demeure: après le bain, ils sèchent sur les bancs du quai au soleil puis vont partager un café. Au revoir, à demain.

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