"Quand tu es indépendant, tu joues ta vie. Au début en tout cas, moins maintenant, car notre boutique a 25 ans, mais on a construit nos piliers en imposant des artistes dont les autres ne voulaient pas." Vincent Frèrebeau, fondateur du label tôt Ou tard se confie à l'AFP dans ses bureaux parisiens.
"Delerm nous a donné les ailes"
Thomas Fersen, dont Vincent Frèrebeau fut guitariste de tournée, ou les Têtes Raides sont là au début de tôt Ou tard, division de Warner puis structure semi-indépendante avant l'indépendance. De quatre personnes au départ, ils sont désormais 33 avec la production de spectacles. Vincent Delerm "est un moment clé quand on devient indépendant, affirme Vincent Frèrebeau. C'est un succès avec 500 000 ventes en 2002. Il nous a donné des ailes et des moyens, au début de la crise de la musique enregistrée." Frèrebeau se souvient encore : "Quand tu recherches des textes originaux, lui, tu ne le loupes pas."
"On tient là où on aurait pu mourir"
Et puis, vient Yael Naim et le morceau New Soul, en 2007. "On envoie ce disque un peu partout. Le programmateur de KCRW [radio américaine influente dans le circuit indépendant] a un coup de cœur, commence Frèrebeau. Et le gars qui fait la pub Apple l'entend dans sa voiture : il travaille sur une campagne pour la nouvelle âme [new soul en anglais] de la marque. Il s'en empare et c'est numéro un aux USA en quelques semaines sans un développement classique qui prend des semaines et des millions."
Avec Shaka Ponk, "on s'ouvre
sur autre chose"
Vianney -et "ses bataillons de tubes" - est la vitrine actuelle du label, mais Shaka Ponk est le révélateur d'un autre cap franchi. tôt Ou tard avait fini par rimer avec QG de la nouvelle chanson française, avec Fersen, Mathieu Boogaerts, Delerm, etc. Pour arrêter d'être "obsédé par un style exclusif" et par ailleurs séduit par "un truc animal, un truc rock", Frèrebeau fait monter à bord Shaka Ponk, à la fin des années 2000.
Le groupe, bête de scène au show hors norme, remplit alors des salles XXL "avec des spectacles que nous produisons enfin nous-mêmes". "Car quand le secteur de la musique enregistrée est en plein marasme, il faut aller à un endroit où on crée de la valeur", c'est-à-dire la scène. "Grâce à Shaka Ponk, on s'ouvre sur autre chose et j'ai créé Zouave." C'est la structure de spectacles qui lui manquait pour accompagner de A à Z un artiste, de la musique au public.
Tout arrive, tôt Ou tard.
Avec AFP.
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