Cour Caffarelli à Caen, les bureaux de la douane désaffectés, l'univers d'Eric Badoud plante le décor. À l'abri des regards, l'artiste peintre réalise dans son atelier des tableaux qui, au contraire, ne sont pas destinés à prendre la poussière. Il fait des trompe-l'œil sa spécialité. Pour le savoir, il suffit de le rencontrer rue du Havre, où il peint en ce moment une devanture de commerce, devant laquelle vos yeux feront forcément l'aller-retour. Sous la peinture qui recouvre ses mains, se trouve une peau abîmée par des années d'expérience. "À 4 ans, on commence à se servir de ses mains, moi c'était le dessin. C'était en moi", dit-il, considéré à l'époque comme "celui qui dessinait le mieux à l'école". Pourtant, ni sa mère ni son père n'étaient du milieu.
"Je n'ai jamais vu cela comme un loisir. La peinture, c'est ma vie"
"Mon père m'a toujours dit qu'être artiste n'était pas un métier, même s'il m'a toujours encouragé." Une phrase qui a sans doute poussé le jeune homme à donner tort à son père. Enfant, Eric Badoud rêvait de devenir dessinateur de bande dessinée. "J'étais assez doué et je me voyais déjà être le grand peintre de mon temps." Dans la chambre qu'il partageait avec son frère, sur le plateau de Colombelles, il avait aménagé un bureau pour réaliser ses prouesses sur ses feuilles canson, crayon papier à la main. Une façon d'éviter la corvée des devoirs pour le Caennais. Vous l'aurez compris, Eric Badoud n'aimait pas l'école. Alors, après un tas de petits jobs "pour gagner de l'argent et être autonome", il s'est jeté dans le grand bain.
Eric Badoud nous raconte son histoire
Un tableau réalisé au stylo à bille
Il a immédiatement été confronté à une première difficulté. "Quand il a fallu me vendre, c'était difficile, mais je n'ai jamais vu cela comme un loisir. La peinture, c'est ma vie", raconte-t-il, assis au milieu des dizaines de chevalets, pots de peinture et pinceaux en tous genres autour desquels il faut slalomer pour le rejoindre. "J'ai eu quelques commandes, j'ai fait quelques expos, mais la vie d'artiste, c'est la belle vie, mais à la fois on crève la dalle !"
Eric Badoud dans son atelier, cours Caffarelli à Caen.
Chemise ouverte, lunettes sur le crâne et cigarette à la bouche, le gringalet est pourtant fier de nous montrer l'une de ses œuvres : un dessin en trompe-l'œil entièrement réalisé au stylo à bille. "C'était un challenge. Je me suis surpassé pendant un mois, en travaillant tous les jours", explique-t-il après avoir usé trois stylos. Bientôt à la retraite, le quinquagénaire espère pouvoir ouvrir sa propre exposition dans son atelier, "sous la forme d'un parcours".
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