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Covid à Kinshasa: "Dieu nous protège", mais jusqu'à quand?

France-Monde. C'est un mystère et, pour beaucoup ici, cela tient du miracle. La chaotique et grouillante Kinshasa reste à ce jour relativement épargnée par la pandémie de Covid-19. Mais l'arrivée du variant indien inquiète, d'autant que le vaccin ne fait pas recette chez des Kinois sceptiques.

Covid à Kinshasa: "Dieu nous protège", mais jusqu'à quand?
Rassemblement au grand marché de Kinshasa le 9 juin 2020 pour réclamer la réouverture des commerces après une période de confinement - ARSENE MPIANA [AFP/Archives]

"Le Covid à Kin? Ça n'existe pas": plus d'un an après l'apparition du virus en ville, la sentence revient comme un leitmotiv dans la tentaculaire capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

"Si le Covid était vraiment là, on serait tous morts!", s'exclame Lonzo, assis devant son étal d'un marché populaire.

"Dans les rues, dans les bus, à la maison, on vit tous collés, coincés...", s'amuse ce gaillard en montrant l'activité de fourmilière autour de lui, dans la poussière et le vacarme des embouteillages.

"Kinshasa les problèmes!"

"Kinshasa Makambo!" ("Kinshasa les problèmes"), disent de leur capitale les Kinois. Ville folle, à l'urbanisation sauvage, aux quartiers de misère et de débrouille, où le quotidien, souvent sans eau potable ni électricité, est une lutte permanente pour la survie.

Vingt-quatre communes, entre 12 et 17 millions d'habitants, une cité crasseuse, déglinguée et polluée, éruptive, imprévisible, et qui ne dort jamais... "La ville léopard", dit-on aussi, où il faut être toujours prêt à parer les attaques ou bondir sur la bonne occasion.

Quand en mars 2020, l'insaisissable coronavirus fait son apparition, venu d'Europe, dans la deuxième mégalopole d'Afrique subsaharienne, le pire est à craindre. Les cas se concentrent dans la commune de la Gombe, centre du pouvoir et des affaires, des riches Congolais et des "expats". Le Covid est alors clairement perçu comme un mal lointain, une maladie de "Blancs" et de "riches", circonscrite à la "République de Gombe".

"Le Covid aurait dû nous massacrer. Mais jusque là, nous avons été épargnés", s'étonne Aimée Rugambo, infirmière d'un centre de traitement Covid "CTCO" mis en place par le gouvernement à l'hôpital de Vijana.

"Dieu au contrôle! Il nous a protégés", en conclut-elle. Mais "il faut dire aux gens que le Covid existe. Il est à Kinshasa, et il tue", met en garde l'infirmière.

Gingembre et "saunas"

Les chiffres officiels font état de 30.862 cas depuis mars 2020, en très grande majorité à Kinshasa (21.284), pour 779 décès.

Un chiffre négligeable dans un pays gigantesque, frappé depuis trois décennies par un tourbillon de guerres et de misère.

"On ne saura jamais le nombre de contaminés ou décédés du +corona+, la plupart ne sont pas testés, trop compliqué ou trop coûteux", fait remarquer un journaliste congolais.

Ici, aux prises au quotidien avec tellement d'autres fléaux, "on ne va à l'hôpital que si l'on est sérieusement malade". En cas de fièvre suspecte, le Kinois se soigne d'abord avec les "remèdes maisons" et les "saunas" (inhalations).

"Souvent sans symptôme, avec peu de décès recensés, les gens ont toujours du mal à y croire", résume le Dr Jules Mongomba, "superviseur Covid" de la commune de Linguala.

"Avec nos conditions de vie, il faut croire aussi que nous avons développé une certaine résilience", conclut-il, philosophe.

En plus d'un an d'épidémie, les autorités semblent avoir pris les choses en main, alors que Kinshasa reste le principal foyer.

Dans l'ex-Zaïre, les épidémies, on connaît, en particulier dans l'Est: Ebola, rougeole et autre choléra... Mais cette fois c'est de l'Ouest, de Kinshasa dont il s'agit.

Au CTCO de Vijana, la prise en charge est bien rodée. Une tente aux normes épidémiques accueille les cas suspects, face à un bâtiment en dur, où sont soignés gratuitement (à la chloroquine) les malades confirmés, par des personnels formés et bien équipés.

Vaccins perdus

A l'échelle nationale, de nombreuses interrogations demeurent: porosité des frontières, sérieux des tests, maigres stocks d'oxygène, efficacité d'un vague couvre-feu uniquement en centre-ville... Quant aux gestes barrières, ils se résument à un "cache-nez" (masque) porté dans quelques magasins et les administrations du centre-ville.

Gratuite et ouverte à tous, la vaccination ne décolle pas. Ils étaient seulement 11.000 vaccinés cette fin de semaine à Kinshasa (14.434 dans le pays).

"Les gens sont sceptiques", déplore le Dr Wamba Nice, directeur de l'hôpital de Vijana. "Beaucoup ont peur, à cause notamment des rumeurs sur les réseaux sociaux".

Ils ne sont que deux candidats à la piqûre, ce jour-là, à Vijana, des Indo-Pakistanais qui refusent de s'exprimer. La veille, personne n'est venu. Pour l'heure, ce sont surtout les étrangers qui en profitent. "Peu de gens viennent, nous avons perdu des doses, c'est un comble", gronde le Dr Nice.

Le 10 mai, le gouvernement a informé de la détection, à Kinshasa même, de cinq cas du variant indien, dans un immeuble cossu de la Gombe, où vivent plusieurs familles indiennes.

"Le variant indien est déjà au Congo", a prévenu le président Félix Tshisekedi. "Nous, en Afrique, avons reçu la bénédiction de Dieu. Nous n'avons pas eu autant de morts qu'en Europe ou en Amérique. Mais attention, la situation est en train de changer".

Pour les soignants, l'accalmie observée depuis février est terminée. "Les cas augmentent", s'inquiète le Dr Nice selon qui, pas de doute, "la troisième vague a déjà commencé".

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