Alors que le département de Seine-Maritime est confiné depuis dix jours, le service de réanimation du CHU de Rouen continue de voir les malades de la Covid-19 affluer. Le professeur Bertrand Dureuil, responsable du pôle réanimation, anesthésie et Samu, s'organise pour anticiper une éventuelle aggravation de la situation dans les jours et les semaines à venir.
Le professeur Bertrand Dureuil, responsable du pôle réanimation, anesthésie et Samu du CHU de Rouen. - CHU de Rouen
À la date du mardi 30 mars, comment se porte la réanimation du CHU de Rouen ?
On est soumis à une très forte activité depuis un moment déjà, parce que nous accueillons des patients qui ont la Covid, mais aussi d'autres qui n'ont pas la Covid. Le flux de patients Covid s'est singulièrement accéléré et ça commence à poser des problèmes de capacité d'admission.
Vous pouvez quand même encore
accueillir des malades ?
Pour l'instant, oui, dans la mesure où nous avons augmenté nos capacitaires. Nous avons ouvert 14 lits de réanimation supplémentaires pour faire face à cet afflux. Dans le même temps, la clinique de l'Europe a ouvert une réanimation, ce qui nous aide à réguler l'accueil en réanimation dans notre zone du département.
Vous n'avez pas peur de devoir trier les patients à accueillir en réanimation ?
Non, car actuellement, nous avons la capacité à faire face et nous travaillons avec les autres hôpitaux de la région, en particulier Le Havre, Dieppe et Elbeuf. Si l'un de ces établissements se trouve vraiment en difficulté, il y a la possibilité de transférer des patients. On est aussi en relation avec les collègues de l'ex-Basse-Normandie, notamment à Caen, qui subit une pression épidémiologique moins forte. On dispose d'un hélicoptère qui nous permettra de transporter rapidement ces patients, si besoin.
Pour l'instant, cela reste de l'ordre de l'éventualité ?
On essaye d'anticiper autant que possible pour trouver un maximum de lits en réanimation. Le facteur limitant principal, ce sont les infirmiers et les aides-soignants qui sont disponibles pour venir travailler dans ce secteur-là. Le directeur de l'Agence régionale de santé, avec lequel on était en conférence ce matin, a demandé aux établissements privés de l'agglomération de Rouen de diminuer leur activité, de déprogrammer des patients, comme nous on le fait depuis deux semaines, de manière à libérer des personnels qui pourraient renforcer les unités du CHU ou accueillir plus de patients Covid de moindre gravité, mais qui ont quand même besoin d'une surveillance et d'oxygène. Plusieurs établissements ont donc décidé d'augmenter leurs capacitaires.
Estimez-vous que les mesures de freinage vont rapidement avoir un effet ?
Bien sûr, on l'espère, même si on n'en voit pas encore les effets. Si on regarde ce qui se passe du côté de Nice par exemple, qui a été soumise à des mesures plus précoces que les nôtres, on observe que la circulation du virus a très notoirement diminué. On peut espérer que d'ici deux semaines, on observe ici aussi des effets visibles.
Selon vous, la fermeture des écoles pourrait-elle vous aider à faire face à cette vague de malades ?
En tant que médecin, bien sûr, je répondrais que oui, ça aurait sûrement des effets importants, mais il faut aussi que je regarde en tant que citoyen toutes les conséquences que ce type de mesure peut entraîner. Il y a un équilibre à trouver… Nous, on va faire le maximum pour maintenir nos capacités et la qualité de nos soins le plus longtemps possible. On a encore une petite marge de manœuvre.
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