Encore quinze jours de débats autour de 7 000 amendements : les députés vont passer le début d'avril à disputer du contenu de la loi “climat et résilience”. Voulue par Emmanuel Macron, cette loi s'inspire en théorie des 149 idées de la Convention citoyenne sur le climat : mais nombre de ces idées ne se retrouvent pas dans le texte du gouvernement, alors qu'Emmanuel Macron – inventeur et créateur de cette Convention – avait promis de reprendre “sans filtre” ce qu'elle allait proposer.
D'où la frustration des membres de la Convention, dont beaucoup ont participé, dimanche 28 mars, à la “marche pour une vraie loi climat” qui s'est déroulée à Paris et dans les grandes villes à l'appel de 650 organisations : 110 000 participants selon les organisateurs. Les manifestants, jeunes pour la plupart, ont défilé pour se dire solidaires des citoyens de la Convention et critiquer le projet de loi : “Il ne permet pas à la France de tenir ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre”, assure le cinéaste Cyril Dion.
Les écolos ne sont pas seuls. Dans son avis sur le texte du gouvernement, le Haut Conseil pour le climat – organisme scientifique indépendant créé en 2019 par l'Elysée et Matignon – constate “un manque d'ambition sur la portée, le périmètre et le calendrier” des réformes climatiques projetées par le gouvernement. Il souhaite que les députés musclent le texte.
Situation difficile pour les élus
Mais l'opposition au projet vient aussi de députés qui le trouvent… trop “vert”. Ils n'admettent pas de restriction économique aux transports aériens, à l'industrie automobile, à la publicité ou à l'agrochimie. Tous les amendements écologiques dans ces domaines se heurtent à l'avis défavorable du rapporteur général, le député LREM Jean-René Cazeneuve, appuyé par Matignon.
La droite, elle aussi, pousse à réduire les ambitions de la future loi : condamnant une “écologie de la taxation”, elle prône une “écologie du pouvoir d'achat” dans la ligne libérale. Comme les élus macronistes, la droite rejette l'idée selon laquelle la lutte contre le changement climatique passerait par une réorientation de l'économie et de la société. Elle ne veut pas non plus de sortie rapide des énergies fossiles, ni de conditions écologiques à l'aide aux grandes entreprises.
Les parlementaires invoquent aussi la situation difficile où ils se trouvent du fait de la Convention climat : un groupe de citoyens non élus mais censés inspirer un projet de loi… “Concilier ainsi démocratie participative et démocratie représentative n'est pas simple pour nous”, explique à la presse la députée LREM Aurore Bergé. Elle souligne : “Jamais un texte, dans ce quinquennat, n'a suscité autant d'interpellations, avec souvent des injonctions contradictoires !”
“Mesurettes,
canicules et inondations”
Entre des électeurs qui somment leurs députés de faire plus vert, et – à l'inverse – des intérêts économiques braqués contre un projet qui va trop loin à leur avis, les élus de la majorité se plaignent de leur inconfort.
A quoi les opposants verts au projet de loi rétorquent : “Ce texte va finir en mesurettes, alors que les canicules, les sécheresses, les inondations et les gaz à effet de serre sont une menace pressante. Et l'on n'aura pas mis en cause des innovations technologiques comme la 5G, dont l'effet sur le réchauffement sera considérable à l'échelle de la planète.”
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