"Garder du lien et proposer une activité touristique", telle est la devise des Greeters en ces temps de crise. Les personnes qui ont endossé ce rôle proposent des balades originales à ceux qui le souhaitent pour montrer "leur" ville. C'est le cas de Catherine Forner, qui offre des visites gratuites d'Argentan. Vêtue de sa veste d'hiver et sous la pluie normande, Catherine retrace le parcours qu'elle propose aux touristes.
Une heure de bonheur
La balade prend son départ à la gare. "Je vous fais remarquer quelque chose qui est super beau", commence-t-elle en montrant du doigt la grande fresque située dans le hall, réalisée par l'atelier Sineux. "Elle rappelle les couleurs de l'artiste Fernand Léger", né à Argentan en 1881. Des œuvres comme celle-ci, "il y en a d'autres à voir dans la balade", indique-t-elle, blottie sous sa capuche. "Grâce à moi, vous allez regarder différemment les bâtiments d'après-guerre." Catherine vit une certaine passion pour l'architecture de la reconstruction. En se pavanant dans les rues, il n'est pas rare qu'elle s'arrête pour présenter ces bâtisses. "Ils nous racontent l'histoire d'Argentan. Si on regarde bien, ce sont des édifices qui n'ont pas été faits à l'économie." La Greeter arrive devant la mairie. Elle a "un air d'architecture stalinienne", de par sa taille. Celle-ci devrait bientôt être rénovée. "Le béton se casse, on y voit les tiges en métal dans lesquelles le ciment est coulé." Lorsque les travaux seront terminés, "le maire se rendra peut-être sur le porche situé derrière pour faire un discours devant l'esplanade comme le fait le pape, qui sait ?".
Au fil de la balade, Catherine livre son point de vue sur Argentan. "D'accord, ce n'est pas du haut tourisme, mais il y a de magnifiques choses à voir quand on se promène ici."
Vivre pour les autres
"Je suis Rennaise de cœur", affirme Catherine Forner, venue s'installer dans l'Orne il y a 25 ans. Malgré ses origines bretonnes, elle a succombé au charme de la Normandie et est tombée amoureuse d'Argentan. À 63 ans, elle fait partie des jeunes retraitées et, ça se ressent, s'investit beaucoup dans les relations sociales.
Se nourrir de relations humaines
Après une année 2020 "longue" et "lassante", Catherine souhaite partager des moments conviviaux. Elle se souvient des Greeters qu'elle connaissait déjà par le biais d'anciens voyages, elle-même ayant visité des lieux avec ces guides gratuits. En octobre dernier, elle endosse à son tour le rôle de Greeter : "Je veux regarder l'architecture des bâtiments d'Argentan avec de nouvelles personnes, et taper la discute pour être honnête." En parallèle, Catherine est bénévole dans l'association Cimade, elle accueille les migrants pour les aider dans leurs démarches administratives. "Il y a énormément de préjugés sur le thème de l'immigration. Ce qui m'anime dans ces projets, c'est le vivre ensemble. Comment fait-on pour mieux vivre les uns avec les autres ?"
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