La cadence des pas est très rythmée. À 20 h 45, l'objectif des rares passants croisés dans le centre-ville de Rouen est clair : atteindre leur destination avant 21 heures, comme le couvre-feu les y oblige. Quelques minutes plus tard, le contraste est encore plus saisissant. À l'heure où les terrasses et les rues sont habituellement pleines de vie, le calme, presque pesant, pourrait laisser penser qu'il est 3 heures du matin.
Des renforts pour les forces de l'ordre
Une satisfaction pour les équipages de police, mobilisés pour faire respecter le couvre-feu. En ce lundi soir, ils sont une quarantaine sur l'ensemble de l'agglomération, épaulés par une quarantaine de gendarmes mobiles déployés pour renforcer les effectifs. Au départ du commissariat de la rue Brisout de Barneville, le briefing qui crépite dans la radio du véhicule sérigraphié est clair : "On se rend vers la place Saint-Marc puis vers la rue Jeanne-d'Arc." Soit deux des quartiers les plus vivants de la ville, une fois la nuit tombée.
Dans le premier, c'est calme plat. Dans le second, c'est surtout le ballet des livreurs à vélo et en scooter qui rompt la monotonie. Devant le palais de justice, il est 21 h 10 lorsqu'une conductrice est arrêtée par les gendarmes. Sans attestation ni motif valable, elle écope d'une amende de 135 €. Quelques instants plus tard, sur la place du Vieux-Marché, un jeune homme échappe à la sanction. Sans domicile fixe, il ne fait pas partie des profils visés par les autorités. "On ne va pas rajouter de la misère à la misère, il y a une tolérance", justifie le commissaire Christophe Urien.
Une attestation ? "J'ai eu la flemme"
Le passant suivant n'y coupera pas. Capuche sur la tête et masque bien en évidence, il ne peut produire le fameux laissez-passer. Interrogé par le policier, il confirme avoir connaissance du couvre-feu. Mais quand on lui demande pourquoi ne pas avoir fait d'attestation pour se rendre chez sa compagne, quelques rues plus loin, sa réponse est laconique : "J'ai eu la flemme." Pour sa promenade nocturne, il en sera donc de 135 € de sa poche.
La suite de la patrouille sera plus calme, entre livreurs en règle et travailleurs sur le retour. Normal, pour un lundi soir de vacances de la Toussaint ? Pas forcément, pour le commissaire Urien : "C'est ce qu'on pourrait penser, mais samedi soir, à la même heure et au même endroit, c'était pareil !" Pour son équipe, le bilan de la soirée est positif. Après deux verbalisations et un peu de pédagogie, la brigade regagne le bercail sur les coups de 22 heures. Sans crainte, évidemment, de se faire verbaliser.
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