"J'aurais aimé savoir ce que ça fait d'être libre." Tel est le titre de ce récit musical, à la fois sensible, drôle et dramatique, imaginé par Chloé Lacan.
Quel est le sujet que vous traitez ?
C'est avant tout l'histoire d'une rencontre artistique et d'un coup de foudre musical. J'ai découvert Nina Simone alors que j'étais adolescente et ce spectacle raconte dans quelle mesure elle a conditionné ma germination vers l'âge adulte. Ce récit musical, quoique chronologique, effectue un va-et-vient constant entre l'histoire vécue par Nina Simone et mon évolution personnelle : son enfance, son engagement pour les droits civique, son rapport à la musique. Bien qu'en apparence nos destins n'aient rien en commun, son histoire fait écho à la mienne. Ce spectacle parle autant d'elle que de moi.
Quelle forme avez-vous souhaité donner à ce spectacle ?
C'est un récit musical à deux voix. Grâce au concours de mon complice multi-instrumentiste Nicolas Cloche, le texte et la musique interagissent constamment. Je n'incarne pas Nina Simone, mais nous interprétons plutôt ensemble ou à tour de rôle ses chansons. Mes créations viennent aussi se mêler à ce récit musical. C'est ma façon de tisser son destin au mien.
Quel souvenir conservez-vous de votre première écoute de Nina Simone ?
J'avais 15 ans quand j'ai eu cette révélation. C'est une des premières chanteuses que j'ai eu l'impression de découvrir par moi-même. J'ai été happée dès la première écoute de Be my husband et My baby just care car sa voix m'a vraiment perturbée et intriguée. Je n'arrivais pas à déterminer si c'était une voix féminine ou masculine. Elle m'a d'emblée bouleversée et j'ai voulu en savoir plus sur le personnage.
Lorsque j'ai vu les vidéos de Nina Simone sur scène, j'ai été également fascinée par son charisme, sa présence sur scène et sa ferveur.
Qu'est ce qui vous a le plus interpellée à la découverte de son histoire ?
Sa rage ! Cette colère a fait écho en moi qui, jeune fille, me conformais au désir des autres. J'ai eu envie d'assumer davantage, grâce à elle, mes choix et mes idées. C'est un personnage déchiré entre deux mondes. Elle a eu une formation classique mais, malgré son talent, elle n'a pas pu devenir la pianiste qu'elle aurait aimé à cause de préjugés racistes. Elle est donc devenue l'artiste blues que l'on connaît. Toute sa vie, elle a vécu cela comme un fardeau, mais cette double culture musicale et sa colère ont nourri ses créations. À la lecture de son autobiographie et après avoir vu le documentaire de What happened, Miss Simone ?, j'ai compris combien cette femme vivait en constante contradiction. C'est ce qui la rend si emblématique et bouleversante.
Ce qui m'a interpellée, c'est à la fois sa grande force et ses fragilités. Elle m'a aidée à assumer la femme que je suis.
Pratique. Mardi 13 octobre à 20 h 30 au Théâtre Montdory à Barentin. 5 à 10 €. 02 32 94 90 23
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.