"Parce que je ne me situe pas au-dessus des lois, je ne suis pas en mesure d'accéder à votre demande" : dans une lettre datée de jeudi, le président Emmanuel Macron n'a pu qu'adresser une fin de non-recevoir à la demande qu'Alain Cocq d'autoriser un médecin à lui prescrire un barbiturique, "à titre compassionnel", afin qu'il puisse "partir en paix".
"Votre souhait est de solliciter une aide active à mourir qui n'est aujourd'hui pas permise dans notre pays", a souligné M. Macron.
La loi Claeys-Léonetti sur la fin de vie, adoptée en 2016, autorise la sédation profonde mais seulement pour les personnes dont le pronostic vital est engagé "à court terme".
Or M. Cocq, même s'il se dit "en phase finale depuis 34 ans" du fait d'une maladie dégénérative très douloureuse, ne peut pas prouver que sa fin de vie approche à court terme.
Le militant de la mort "dans la dignité", qui a fait plusieurs tours d'Europe en fauteuil roulant pour plaider sa cause, avait obtenu le 25 août une conférence téléphonique avec une conseillère de l'Élysée, pour en appeler à l'aide du président.
Après ce refus, M. Cocq met donc à exécution sa décision de se laisser mourir en cessant toute alimentation, hydratation et traitement, sauf les anti-douleurs, dès ce vendredi "au coucher".
- "L'agonie obligée par la loi Leonetti" -
"J'ai décidé de dire stop", a récemment expliqué à l'AFP Alain Cocq, 57 ans, dans le lit médicalisé de son domicile qu'il ne quitte plus.
"Petit à petit, tous les organes vitaux vont être touchés. Si c'est pour regarder le plafond comme un con à attendre que ça se passe, non", avait-il déclaré.
Afin de "montrer aux Français ce qu'est l'agonie obligée par la loi Leonetti", Alain Cocq diffusera sa fin de vie, dont il estime qu'elle durera "quatre-cinq jours", dès samedi matin au réveil, "en direct sur (sa) page Facebook".
A l'entrée de son modeste appartement du quartier défavorisé des Grésilles, à Dijon, Alain a affiché son "attestation de refus de soin" par laquelle il interdit toute réanimation, une fois son heure venue.
"Alain a déjà été ranimé neuf fois", explique Sophie Medjeberg, vice présidente de l'association Handi. "Et à chaque fois avec une nouvelle dégénérescence. Il n'a plus aucun espoir. Il est enfermé dans son corps", ajoute Mme Medjeberg, qu'Alain Cocq a prise pour mandataire afin que "le combat continue".
"Alain passe le relais", assure-t-elle, en disant espérer que la mort qu'il a prévue en direct provoquera un "électrochoc", "afin d'autoriser le suicide assisté comme en Belgique ou en Suisse".
"Huit Français sur dix sont pour le suicide assisté", a ajouté Mme Medjeberg.
Entraîner "une prise de conscience"
Le cas d'Alain Cocq relance la controverse sur la fin de vie, à l'image de l'affaire Vincent Lambert, un infirmier en état végétatif décédé en juillet 2019 après une sédation profonde voulue par son épouse et son neveu François, mais à laquelle ses parents se sont opposés.
Cela "montre que la loi Leonetti est une loi inhumaine", a déclaré François Lambert à l'AFP, qui a longuement rencontré Alain Cocq lundi.
M. Lambert a dit espérer que les images de la mort d'Alain Cocq entraîneront "une prise de conscience, qu'on verra ce qu'est cette médecine disant que +laisser pourrir c'est humaniser+ et que +donner une dose létale c'est tuer+, alors que le résultat final revient à la même chose".
Jean-Luc Roméro-Michel, président de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), a pour sa part dénoncé sur CNews la "violence" que l'État impose à Alain Cocq. Il "a des douleurs physiques qu'on ne peut pas soulager aujourd'hui et on le laisse sans réponse", s'est-il insurgé.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.