L'accord annoncé mardi, qui permet la restructuration de 66 milliards d'obligations émises sous législation étrangère, a été salué par le Fonds monétaire international (FMI) et accueilli favorablement par les secteurs productifs.
C'est "une grande avancée" qui va permettre de se "concentrer sur l'agenda productif", a réagi Marcelo Fernandez, président de la Confédération général des entreprises. "Pour les petites et moyennes entreprises, cela signifie que nous pouvons miser sur des politiques qui favoriseront le financement de la production et de la consommation", s'est-il félicité.
Mais les analystes sont plus prudents : tout en saluant l'accord, ils estiment que ce n'est pas la fin du tunnel pour le pays sud-américain. "Cela relâche la pression, mais cela ne sera pas suffisant", met en garde l'économiste Mariana Dal Poggetto, directrice du cabinet EcoGo.
Après deux années de récession, l'Argentine reste plus que jamais dans une situation difficile : 40% de ses 45 millions d'habitants vivent dans la pauvreté et l'inflation annuelle reste très élevée, autour de 40%.
La pandémie de Covid-19 et les longs mois de confinement ont encore aggravé la situation, renforçant le chômage (10,4%) et provoquant une chute du Produit intérieur brut (PIB) qui devrait se contracter de 9,9% en 2020, selon les dernières prévisions du FMI.
Dans ce contexte difficile, l'Argentine, dont la dette totale s'élève à 324 milliards de dollars, doit désormais négocier un nouveau programme auprès du FMI, auquel elle a emprunté 44 milliards de dollars -- sur les 57 milliards initialement négociés en 2018 par l'ex-président de centre-droit Mauricio Macri.
Et le pays doit normalement commencer à rembourser dès l'année prochaine. "Les échéances du FMI commencent juste en septembre de l'année prochaine, un mois avant les élections" législatives de mi-mandat, relève Mariana Dal Poggetto qui préconise que la négociation soit "rapide".
Pas d'accès au crédit
Et "le fardeau du FMI pèse beaucoup plus" que la dette renégociée avec succès avec les créanciers privés, "c'est le vrai problème, car (le FMI) n'accepte pas de rabais" sur ce qui est dû, insiste l'économiste Emanuel Alvarez Agis.
Matias Carugati, du cabinet Management & Fit, prédit, lui aussi, une négociation difficile : "Les techniciens du Fonds vont réclamer un plan économique consistant, ce qui n'a été fait jusque-là que dans les grandes lignes".
Autre dossier épineux pour le gouvernement, la restructuration de la dette émise sous législation nationale de 41,7 milliards de dollars, pour laquelle le gouvernement a promis un traitement aussi équitable que pour les obligations sur législation étrangère.
L'accord avec les créanciers "clarifie les échéances, relâche la pression sur la demande de dollars et permet de libérer d'énormes ressources fiscales pour faire face à la pandémie", estime le Centre d'économie politique argentin.
Des ressources bienvenues pour un gouvernement qui a dû solliciter la dépense publique pour faire face aux effets d'un confinement imposé dès le 20 mars qui a maintenu la troisième économie d'Amérique latine paralysée.
Mais, selon Mariana Dal Poggetto, la crise sanitaire va toutefois compliquer les rentrées fiscales et le déficit des comptes public pourrait clore l'année autour de 8% du PIB.
Le déficit va croître "de la même façon que dans le reste du monde. La différence, c'est que l'Argentine, qui cherche à restructurer sa dette, n'a pas accès au crédit", rappelle-t-elle.
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