C'est la première fois en cinq mois, en raison de la pandémie de Covid-19, que les chefs d'Etat et de gouvernement --tous équipés de masques de protection-- se retrouvent physiquement à Bruxelles.
Après plus de sept heures de discussions en conclave vendredi, jugées "constructives" par plusieurs sources, ils se sont retrouvés pour un dîner en soirée au cours duquel les échanges se sont tendus en raison de la position jugée trop dure des Pays-Bas sur le contrôle des fonds qui pourraient être distribués.
"On va essayer de reprendre les choses différemment pour sauver le sommet" samedi, a promis une source diplomatique.
Au coeur des discussions: un plan de relance post-coronavirus de 750 milliards d'euros financé par un emprunt commun, inspiré d'une proposition de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Emmanuel Macron.
Ce plan est composé de 250 milliards de prêts, et surtout de subventions à hauteur de 500 milliards, qui n'auront pas à être remboursées par les Etats bénéficiaires. Il est adossé au budget à long terme de l'UE (2021-2027) de 1.074 milliards d'euros.
Quatre pays dit "frugaux" - Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède - rejoints par la Finlande, émettent de profondes réserves sur cette proposition, qui devrait profiter avant tout à l'Italie et l'Espagne, deux Etats très affectés par la pandémie, mais qu'ils considèrent comme les plus laxistes en matière budgétaire.
Le projet prévoit que l'argent soit versé en contrepartie de réformes menées par les pays bénéficiaires.
Or, M. Rutte réclame que les plans de réforme de chaque Etat soient validés à l'unanimité des 27, et non à la majorité qualifiée. En d'autres termes, il veut un droit de veto, une demande qu'il est le seul, selon plusieurs sources, à formuler.
"Contribuables autrichiens"
"Ce que demandent les Pays-Bas est légalement impossible et politiquement difficile à avaler", a regretté une source diplomatique, résumant la position d'une majorité d'Etats membres.
Les réformes exigées par les pays du Nord (marché du travail, retraites) en contrepartie des aides font en outre bondir les Etats du sud, inquiets d'être contraints de se soumettre à un programme imposé par d'autres, comme la Grèce au plus fort de la crise de la zone euro.
Selon une source européenne, le président du Conseil européen, Charles Michel, a proposé, pour tenter de rapprocher les positions, un mécanisme permettant à un pays ayant des réserves sur le plan de réformes d'un autre Etat d'ouvrir un débat à 27. Mais cette idée a braqué plusieurs participants.
Si les autres "frugaux" n'ont pas suivi M. Rutte sur le droit de veto, ils conservent leurs réticences, en particulier sur les 500 milliards de subventions, une enveloppe qu'ils veulent réduire.
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a souligné que son pays rejetait "clairement la proposition actuelle". "Nous voulons bien sûr faire preuve de solidarité, mais nous avons également les intérêts des contribuables autrichiens à l'esprit", a-t-il tweeté.
L'unanimité des Etats membres étant requise, les discussions pourraient être longues et difficiles samedi, voire se prolonger jusqu'à dimanche.
Outre le montant global du plan et le contrôle des réformes, les dirigeants européens aborderont la question des "rabais" dans les contributions accordés aux Etats qui versent davantage d'argent au budget de l'UE qu'ils n'en reçoivent.
Les "frugaux" réclament des ristournes plus élevées, ce qui pourraient leur être concédées pour infléchir leur position.
Dernier sujet délicat: le lien entre le versement d'argent et le respect de l'Etat de droit, inscrit pour la première fois dans un budget de l'UE.
La Pologne et la Hongrie, qui font l'objet de procédures de l'Union en raison d'atteintes à l'indépendance de la justice ou aux droits fondamentaux, freinent des quatre fers.
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