La réélection de M. Duda ne peut pas être considéré comme un grand succès en raison de son étroitesse, soulignaient lundi les analystes: après le dépouillement de 99,97% des bulletins, le chef de l'Etat sortant a obtenu 51,21% des voix, contre 48,79% pour M. Trzaskowski, a annoncé la Commission électorale.
"C'est un petit succès", estime le politologue Kazimierz Kik, de l'Université de Kielce. "Le président Duda a certes remporté le scrutin, mais le vrai succès appartient à Rafal Trzaskowski et à l'opposition, qui regagne du terrain", a-t-il déclaré à l'AFP.
"La Pologne sort de cette élection fracturée. Il sera difficile de renouer des liens entre les Polonais", a-t-il ajouté.
Selon les analystes, M. Duda a gagné avec les voix de la Pologne traditionnelle et catholique, celle de la campagne et des petites villages, alors que M. Trzaskowski a reçu les voix des Polonais pro-européens et libéraux des grandes agglomérations et des villes moyennes.
"Le PiS (le parti Droit et Justice au pouvoir, NDLR) est à son maximum. On voit bien qu'il faiblit d'une élection à l'autre. Il sait qu'il ne restera pas au pouvoir éternellement", a ajouté M. Kik.
D'après lui, ce parti doit réaliser "maintenant ou jamais" son programme, qui consiste à "garder une Pologne conservatrice et traditionnelle".
"La stagnation"
Le PiS devra toutefois faire face à une forte opposition, ainsi qu'à une crise économique imminente que la Pologne ne devrait pas tarder à ressentir suite à l'épidémie de coronavirus, dont elle n'est toujours pas sortie, soulignent aussi les analystes.
"Nous entrons dans une période difficile", souligne l'économiste Witold Orlowski. "Techniquement, le PiS reste au pouvoir, mais le soutien à sa politique ne va faire que baisser.(...) Dans un contexte de crise économique, il lui sera difficile de réaliser sa politique d'aides sociales généreuses qui l'a porté au pouvoir", a-t-il estimé.
"C'est la stagnation qui attend la Pologne. Les Polonais n'ont pas opté pour le changement proposé par Rafal Trzaskowski", a déclaré à l'AFP le politologue Stanislaw Mocek, président de Collegium Civitas. "On ne peut certainement pas s'attendre à ce que les relations avec Bruxelles s'améliorent", a-t-il estimé.
"Triste et pessimiste"
"La Pologne était traitée par les anciens membres de l'UE comme un Etat de seconde catégorie. Nous, ici, on a notre propre constitution, elle est plus importante que les lois de Bruxelles", a déclaré Darek, chauffeur professionnel, qui a voté pour M. Duda.
C'est cette vision nationaliste mise en valeur par le PiS qui a gagné ce 12 juillet.
Les mauvaises relations avec l'Union européenne risquent fort de ne pas s'améliorer durant le second mandat de M. Duda.
Le président sortant a misé sur ses bonnes relations avec les Etats-Unis de Donald Trump, que les sondages actuels ne donnent pas favori pour sa réélection à la Maison Blanche.
Une éventuelle défaite électorale du président Trump en novembre signifierait l'echec de la politique étrangère du PiS, selon Kazimierz Kik.
Pour sa part, l'opposition libérale a dorénavant le vent en poupe. "Le très bon résultat de Rafal Trzaskowski lui donne la possibilité de devenir une figure clef de l'opposition libérale", a déclaré à la télévision privée TVN24 le politologue Andrzej Rychard.
En peu de temps, M. Trzaskowski, nouvelle figure de la Plateforme civique, a réussi à rassembler autour de lui de nouveaux partisans.
"Je suis triste et pessimiste. J'espérais vraiment qu'on allait retourner à la démocratie. Là, on aura cinq prochaines annees d'autocratie et de tyranie de la part du PiS", a déclaré à l'AFP Kasia, 42, ans, une enseignante qui a voté pour le maire de Varsovie.
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