Parmi les 19 ministres, trois sont candidats: l'Espagnole Nadia Calvino, qui appartient à un gouvernement de gauche et a longtemps fait figure de favorite, l'Irlandais de centre-droit Paschal Donohoe et le libéral luxembourgeois Pierre Gramegna.
Elu pour deux ans et demi, le chef de l'Eurogroupe fait partie de ceux dont la voix compte à Bruxelles, aux côtés des présidents de trois grandes institutions de l'UE --Ursula von der Leyen (Commission), Charles Michel (Conseil), David Sassoli (Parlement)-- et du chef de la diplomatie Josep Borrell.
Il a pour mission de présider les réunions mensuelles des ministres, dont l'objectif est d'assurer la coordination des politiques économiques nationales.
La tâche s'est révélée essentielle lors de la crise grecque. Elle l'est tout autant au moment où les Européens tentent de relancer en commun des économies mises à l'arrêt par la pandémie de coronavirus: selon la Commission, le PIB des 19 pays ayant adopté la monnaie unique pourrait chuter de 8,7% en 2020.
Lors de l'élection, prévue en fin d'après-midi par visioconférence, chaque ministre disposera d'une voix à chaque tour de scrutin. Le premier candidat à obtenir 10 voix sur 19 l'emportera.
"Plutôt mourir !"
Nadia Calvino, 51 ans, une ancienne haute fonctionnaire de la Commission rompue aux arcanes de la bulle bruxelloise, a longtemps semblé faire la course en tête.
Celle qui pourrait devenir la première femme à présider l'Eurogroupe est soutenue par la chancelière allemande Angela Merkel et quelques pays du Sud.
Mais "elle a aussi de grosses oppositions: les Néerlandais et leur camp, pour eux, c'est +plutôt mourir !+", tempère une source européenne.
Ces opposants, essentiellement les plus libéraux, jugent l'Espagnole inadaptée à un poste qui nécessite de forger des compromis entre les grands argentiers du Nord, adeptes de la discipline budgétaire, et ceux du Sud, à la réputation plus laxiste.
La question de sa nationalité est d'autant plus importante que les Européens sont en pleine négociation sur un plan massif de relance de l'économie de l'Union.
Or, deux fronts principaux s'opposent: les quatre pays dits "frugaux" --Pays-Bas, Autriche, ainsi que la Suède et le Danemark, hors zone euro-- très réservés sur ce projet, et les pays du Sud, Espagne et Italie en tête, les grands bénéficiaires d'un plan qui prévoit un grand emprunt européen.
"L'Espagne à une position très marquée en ce moment dans cette discussion, qui va être le cœur du business" de l'Eurogroupe, explique la source européenne.
Bulletin secret
Dans ce contexte, les deux outsiders, jugés plus neutres et qui ont mené une campagne active, ont une carte à jouer. En particulier Paschal Donohoe, qui peut se targuer du "soutien total" du PPE, le parti qui réunit la droite au niveau européen.
L'Irlandais, 45 ans, est considéré comme un gestionnaire prudent, qui a ramené son pays dans le droit chemin budgétaire après une sévère récession.
"Il a des chances sérieuses, parce qu'il va être difficile pour Nadia Calvino d'obtenir 10 voix", avance un diplomate européen.
Quant à Pierre Gramegna, 62 ans, il a l'image d'un diplomate habitué aux compromis et à l'Eurogroupe, qu'il fréquente depuis 2013.
Il avait déjà concouru fin 2017 face au Portugais Mario Centeno, qui quitte son fauteuil après un seul mandat d'une présidence jugée terne.
Le vote s'effectuera à bulletin secret, via une application sur ordinateur. Deux fonctionnaires européens seulement auront accès aux résultats.
"Les intentions de vote, même déclarées ouvertement, ne vont pas forcément se concrétiser", prévient une source diplomatique.
Les candidats ne connaîtront que leur score, pas celui de leurs adversaires. A eux de décider ensuite s'ils abandonnent ou non.
L'élu prendra ses fonctions le 13 juillet.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.